Bien sur ELR est connu pour "Jacquou le Croquant " en livre ou en film. Toutefois, bien que Jacquou soit un excellent bouquin permettant de découvrir l'univers de l'auteur il est dommage d'en rester là.
L'ennemi de la mort est un roman rustique social, une ode à l'art de vivre proche de la nature. Comme dans "Jacquou" le fond anticlérical et la détestation des nantis, nobles ou bourgeois (tout ce que j'aime !) sont présents en filigrane dans cet ouvrage.
C'est l'histoire d'un don celui d'une vie et d'une sourde tragédie.
La malaria ou paludisme véhiculé par les moustiques associé aux conditions de vie précaires et aux inégalités sociales insoutenables du XVIIIème siècle précipite les Doubleauds un peu plus vers la misère. Le Dr Charbonnières va investir ses forces, sa santé et son argent pour aider les simples paysans qui en sont les victimes. Il va essayer de les convaincre d’assécher les étangs de la Double afin de débarrasser la région des maladies mortelles.
Le parcours de cet homme exemplaire est d'une tristesse profonde dans laquelle on pourrait s'enliser tellement on est décontenancé.
Puis on touche à la désespérance lorsque cette personne si bonne et si rare s’éteint. Il est misérable parce que volé et spolié. Mais surtout il est seul parce qu'abandonné, détesté et vilipendé par ceux pour qui il s'est tant investi. Seul parce que les siens ne sont plus. Seul au milieu des bois, si seul ! Il ne lui reste plus qu'une chose à faire.
Ce livre, oeuvre sociale tragique et pessimiste laisse, lorsqu'on le pose, un malaise indéfinissable dans le cœur. Associé au goût amer de l'injustice et de la haine cela pourrait nous pousser, encore un peu plus, vers le désespoir et la misanthropie.
"Les méchants je les hais à juste titre ; tous les autres, je les hais parce qu'ils ne haïssent pas les méchants"
Erasme