En 2018 « L’infection zombie a séparé les Etats-Unis en deux. » Voici les premiers mots du quatrième de couverture. « Encore un ! » furent les miens.
Bien m’en a prit je suis allé au-delà de l’impression de trop plein de zombie. Ce livre est plutôt bien écrit, original, haletant, et rend hommage à tout un genre. Bref il est non dispensable.
Marco Henry était neurologue dans l’ancien monde, avant la Résurrection qui a vu les morts se relever et se faire des orgies de vivants, maintenant il « libère » les morts définitivement sous contrat pour le repos de leurs âmes.
Sous contrat ?! Oui car les Etats-Unis sont divisés en deux, une zone dite libérée, fortement néo-républicanisée où un Etat fort et liberticide tente de maintenir une économie, un « amercican way of life », comme avant. Et une zone occupée à l’ouest, ou plutôt dévasté, totalement livrée aux « ressuscités », et à quelques bandes de pillards et psychopathes qui ont vu dans cette catastrophe un bon moyen de vivre à la Mad-Max et de faire un gros doigt au gouvernement central.
L’ex neurologue Henry Marco est resté dans le Nevada, et il tente de retrouver sa femme Danielle, afin peut-être de la délivrer de sa non mort, et tenter de se libérer lui aussi d’un passé écrasant. Pour se trouver des contrats, il compte sur un ami en zone libre, qui les lui procure, et gère le placement de sa rémunération.
Marco se trouve être un fin limier à sa façon, en effet il utilise ce qu’il appelle « la géographie émotionnelle » pour ses recherches. Les ressuscités semblent en effet posséder un embryon de souvenirs, les endroits où ils avaient l’habitude d’être (maison, travail), et ceux où ils ont vécu de grands moments (mariage, rencontre, voyage, etc…). Bien sûr il ne s’agit pas d’un mécanisme conscient, mais plutôt d’un atavisme résiduel qui les poussent à revenir là où ils ont vécu ; ce qui au final permet à Marco de les retrouver avec une certaine aisance…tous sauf Danielle, sa « Delle » qui depuis les évènements reste introuvable.
Installé dans la routine de sa quête infructueuse, il va être contacté par le ministre de l’intérieur, un individu des plus désagréables, un piranha comme il le décrira, et l’artisan même de la politique de la peur de la zone libre des Etats-Unis !
Il vient à lui avec une requête bien curieuse, retrouver un certain Roger Ballard !
Peut-être l’un des plus brillants esprits de son temps, ex-collaborateur, et « ami » de Henry Marco. Il fut vu pour la dernière fois dans la prison médicale de Sarsgard en Californie, où il menait d’importantes recherches en immunologie, accompagné d’une troupe de soldat, et d’une armée de morts affamés. Les derniers enregistrements le montraient mordu, donc contaminé, donc mort-vivants…
Contraint et forcé d’accepter cette mission, Henry se verra flanqué de Kheng Wu, un soldat atypique, surentraîné, lui aussi avec des arrières pensées.
Cette paire de circonstance doit tenter de retrouver un échantillon ADN du Dr.Ballard qui aurait pu travailler sur un moyen d’enrayer cette vague de mort en se testant lui-même. Ils vont bien sûr devoir s’aventurer au cœur de la zone infesté, ce qui ne sera pas de tout repos.
En plus d’être efficient dans le genre action/horreur, l’auteur ne se privant pas de décrire des scènes d’une effroyable violence et d’un gore rare, d’une tension parfois suffocante, utilisant à ces effets un vocabulaire de l’analogie plutôt fleurie (et parfois drôle), ce roman est aussi plutôt original. En effet, la vision d’un univers post-apocalypse zombie étant devenu monnaie courante, le genre apparait comme rébarbatif, surexploité, mais Zito l’explore ici différemment. De part la nature même de cette Résurrection que l’on découvre très progressivement, mais aussi dans l’approche qu’il a des rapports humains et de la lutte acharnée qui caractérise la traversée de la zone infesté. D’abord au travers de Marco, personnage écorché au passé douloureux mais très attachant parce qu’humain, puis au travers de Wu, soldat ultime, au sens du devoir et de l’honneur chevillé au corps, mais à l’humanité latente.
Et c’est encore par la force de ses personnages, par leur humanité, dans un monde en complète déliquescence, qu’un auteur parvient à nous capter, nous émouvoir. A l’image d’un Kirkman et de son Walking Dead, Zito a comprit qu’une surenchère de viande avariée et d’horreurs ne fait pas peur, ne crée pas de tensions, et surtout n’offre pas de sens, de but, ou de matière à un livre.
D’une écriture efficace et agréable, d’un rythme tantôt lent afin de soutenir les tensions et angoisses, tantôt brutal et rapide pour décrire toute la dureté du monde dans lequel il voyage, l’Homme des morts est un bon moment de lecture, un livre divertissant, ce qui est déjà très bien.
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