Par Julie Coutu

Pour son premier roman, l’Américaine Amanda Coplin réussit un joli coup. L’homme du verger, à la facture ultra classique, descriptif à l’extrême, repose à la fois sur l’exploration de l’intime et sur la volonté de voir au-delà. Sa force réside dans les portraits, l’investigation du sentiment, et sur ce que Coplin réinvente de la famille, du lien, sa force et sa rupture.

Elle puise son inspiration directement chez elle. Talmadge ressemble à l’homme qui lui a tenu lieu de grand-père, son verger perdu du côté de Wenatchee, la « vallée des pommes », Etat de Washington. Un lieu, un homme, jardinier vieillissant, absorbé par ses arbres, élevé par une mère en quête de silence, transformé en adulte par la disparition d’une sœur. « Il avait un de ces visages compliqués qu’il fallait contempler à loisir pour comprendre comment l’émotion s’y manifestait, pour le comprendre, tout simplement. C’était un paysage : une étendue vaste et complexe, à couches multiples ».

Un jour, deux gamines enceintes surgissent au milieu du domaine, lui offrant comme la possibilité d’un renouveau. Lentement, il apprivoise les deux sœurs, sans pouvoir empêcher leur histoire, sordide à souhait, de les rattraper. Les jumeaux de Della sont mort-nés, Jane se suicide, laissant derrière elle une fillette. Pour encadrer ce drame, Amanda Coplin dresse un miracle d’harmonie: le verger, ses rituels, sa lumière, son calme, son immuabilité. Elle calque Talmadge sur ce modèle, que suivra également l’orpheline Angelene, et leur oppose Della, fille perdue, incapable d’oublier, de pardonner, contrainte à une éternelle fuite en avant. (...)

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Chro
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le 26 mai 2014

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