Voici un roman au charme délicieusement suranné. Robert Dravel choisit ici de rendre hommage (du moins il me semble), à une page oubliée de la science-fiction française parfois appelée " le merveilleux scientifique".
Ce volet de la SF française a connu son heure de gloire dans les années 1910 -1930, avec des auteurs comme J-H Rosny-Aîné ou Maurice Renard et s'inscrit dans la continuité des œuvres de Jules Verne, en alliant les codes du roman scientifique (le héros est souvent un savant / inventeur, la science joue un grand rôle dans le récit) aux ficelles... du merveilleux, oui, en imaginant sur cette base scientifique initiale des éléments totalement fantasmagoriques.
L'histoire de L'homme qui traversa la Terre n'est donc pas située dans le temps, mais à vue de nez, et compte-tenu de sa filiation, on peut situer sa fourchette entre 1890 et 1913 (vu qu'il n'est fait aucune mention d'un conflit mondial dans le récit). Le héros est donc comme attendu,un scientifique cherchant à mettre au point un rayon permettant de changer a structure moléculaire du corps humain pour lui permettre de pénétrer la matière.
Au cours d'une expérience, sa fiancée (la fille du riche industriel minier qui emploie le jeune scientifique) est exposée au rayon et finit par disparaître dans le sol. Accusé du meurtre de la jeune fille, le scientifique va être emprisonné avant de disparaître à son tour.
Le roman mêle récit d'aventures extraordinaires, romance et récit de vengeance.
Le schéma narratif est proche de celui des romans de ce genre, avec narrateur omniscient et extérieur au récit, mais Robert Darvel préserve son roman de trop de lourdeurs en le mâtinant de pointes d'humour fort bienvenues (notamment via les notes de bas de page).
Le roman reste cependant très proche des romans de "merveilleux scientifique", avec toutes les limites que cela implique en terme de forme, fort éloignée des standard d'écriture d'aujourd'hui. Cela ne m'a personnellement pas dérangé, j'y vois un joli clin d'œil à ce genre, mais je peux comprendre que tout le monde ne rentre pas dans cette histoire.