L'homme qui tua Roland Barthes par HENRI MESQUIDA
'L' Homme qui tua Roland Barthes' est un recueil de 18 nouvelles, qui portent toutes le titre L' Homme qui tua suivi d'un nom propre : L' Homme qui tua Pier Paolo Pasolini, L' Homme qui tua Gianni Versace, L' Homme qui tua Jésus,L' Homme qui tua le Président des Etats-Unis, etc. Chacune d'entre elles met en scène l'histoire qui se noue entre la victime et son tueur et s'attache à des figures très différentes : écrivain, chanteur, vedettes de la mode ou de lapolitique, aventurier, journalistes, etc. A l'extrême variété des histoires, des personnages et des cas (crime involontaire, acte prémédité, tueur en série, vengeance, assassinat politique, etc .) correspond une variété stylistique, qui donne à chaque nouvelle sa singularité. Le matériau documentaire sur lequel s'appuient tous ces textes est fondu dans un travail de reprise poétique ou narrative, qui ne cherche pas la reconstitution réaliste. Bien souvent tout oppose le criminel de ces nouvelles à sa victime : une espèce d'ironie tragique se dessine dans leur collision. La dernière nouvelle, L' Homme qui tua mon arrière-grand-père, est autobiographique. Elle fonctionne comme un point d'origine.
Thomas Clerc ne cesse de montrer la variété de sa palette stylistique en prenant un malin plaisir à triturer les phrases, à malaxer la syntaxe. Son admirable texte sur Edouard Levé, artiste devenu écrivain dont les thèmes étaient, d’après Clerc, “le double, le même, le neutre”, justifie à lui seul l’achat du volume.