Dans ce roman, Jean-François Haas nous offre une fresque réaliste de la question de la migration en Suisse. Par les souvenir d'un groupe de soixantenaires, le lecteur est plongé dans la Suisse des années 60 et de son rapport aux travailleurs italiens qui y arrivaient en masse à la recherche d'un travail ou simplement de perspectives d'avenir. Mais à travers ces souvenirs, le lecteur est aussi amené à tirer des parallèles avec la question des migrants dans la Suisse d'aujourd'hui; et peut s'en faut pour se rendre rapidement compte que l'Histoire se répète, sans cesse, entre l'accueil offert par les uns et la xénophobie des autres.
C'est aussi l'identité des enfants de ces migrants qui est questionnée au travers du personnage de Gabriella, jeune italienne qui effectue ses classes obligatoires en Helvétie, tiraillée entre les traditions ancestrales de son pays d'origine, sa loyauté envers ses parents ("une fille doit se marier et avoir des enfants") et la culture d'un pays d'accueil qui tend à une certaine -quoique relative-, modernité, incarnée par l'émancipation des femmes.
Malgré quelques longueurs, "L'homme qui voulut acheter une ville" est un récit empli de délicatesse et de sensibilité sur une thématique on ne peut plus actuelle.