Publié sur L'Homme qui lit :
Alfred Vigneux est un vieil homme célibataire, vivant reclus dans l’appartement familial qui l’a vu naitre. Alors que sa santé décline, il décide d’en finir avec la lâcheté qui l’a dominé toute sa vie, et de réparer une injustice du passé qui ne cesse de le travailler. Il proposera donc à une famille en difficulté de loger gratuitement dans l’un des appartements vide de son immeuble, avec pour seule contrepartie qu’il puisse descendre dîner chaque soir avec eux.
Cette famille, Adèle, son mari taciturne et leur fils Léo, Alfred ne l’a pas choisie au hasard. Son père, qui fut notaire, a largement profité de l’occupation allemande pour trafiquer sans scrupules, et les expropriations de juifs visant à récupérer leurs appartements et leurs bien ne l’ont nullement chagriné.
Dans l’appartement situé à l’étage juste sous le leur, Alfred était amoureux de Charlotte, jeune maman d’un petit garçon et mariée à Simon, qui offrait au jeune voisin des romans qu’il conserve aujourd’hui encore. Tandis que la famille est déportée dans un camp de concentration, Charlotte est envoyée dans un grand magasin parisien où elle sera obligée de trier les biens juifs spoliés par le régime nazi. Quand, à l’occasion d’une permission, elle retourne dans son ancien appartement pour obtenir des nouvelles de son mari et de son fils, elle découvre le cynisme sans complexe de ces français qui ont choisi de collaborer avec l’occupant.
Des années plus tard, il se décide à réparer les fautes de son père, et sous les questions incessantes du jeune Léo, il finira par révéler la petite histoire de cette famille et de la sienne, qui n’est peut-être pas si éloignée qu’il n’y paraît…
L’ombre d’un homme est un roman d’une centaine de pages qui pour autant se lit avec beaucoup de facilités, et dont l’histoire est passionnante. Au travers du destin de cette famille partiellement juive, l’auteur dresse un roman sensible et intelligent qui interroge sur la culpabilité et sur la rédemption, sur l’héritage parfois difficile que certaines familles laissent à leurs enfants.