La Bien-Aimée
7.5
La Bien-Aimée

livre de Thomas Hardy (1897)

Voici un roman assez court et dont l'action s'étend pourtant sur quarante ans.


Jocelyn Pierston est né et a grandi sur une presqu'île au large du Wessex - ce comté qui n'existe plus au 19ème siècle que dans l'imagination affectueuse de Thomas Hardy. Fils de carrier, devenu sculpteur, il revient à vingt ans au pays natal avec une âme d'artiste, une sensibilité à fleur-de-peau, un sens aigu de l'esthétisme, une soif de beauté et d'idéal, et riche de ses expériences juvéniles.


Pendant plus de quarante ans, Jocelyn sera en quête de la "Bien-Aimée", une femme à la perfection chimérique, un pur concept sensoriel et émotionnel, qui semble s'incarner dans un certain nombre de femmes, hélas toutes incomplètes et semblables aux pièces désolidarisées d'un puzzle, et pour lesquelles Jocelyn ne parvient pas à s'enflammer sincèrement. Telle une malédiction mythologique, la "Bien-Aimée", mi-déesse, mi-muse, va ainsi entraîner l'artiste insulaire de mirages en désillusions et faire miroiter sur son chemin, toujours plus loin en avant, la promesse du bonheur amoureux. A travers trois générations de femmes de la même famille, Jocelyn va toutefois tenter d'assouvir sa quête, de trouver un sens à son existence, et de comprendre le pourquoi de son art et de l'amour.


Singulier récit très poétique que nous livre Thomas Hardy, qui se révèle toujours aussi tendrement fidèle à la mer, à la campagne anglaise, à la nature et à l'homme. Le ton du roman interroge le lecteur ; sans être pessimiste, il ne véhicule pas l'espérance ; sans être sombre, il n'est pourtant pas enthousiaste. J'ai presque perpétuellement songé au "Portrait de Dorian Gray" pendant ma lecture sans vouloir creuser plus avant le parallèle. "La Bien-Aimée" est d'abord un récit sur la quête existentielle ; on y trouve traités avec délicatesse des thèmes psychologiques majeurs comme le rapport à l'âge et au temps, le sentiment amoureux, la passion, le sens artistique ou encore l'évolution des liens sociaux.


Le roman est divisé en trois parties, correspondant à la jeunesse, à la maturité et à la vieillesse de Jocelyn et c'est comme si l'auteur avait voulu faire de son personnage le jouet particulier des Parques pour mieux illustrer la destinée universelle de l'homme.

Gwen21
7
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le 26 juin 2015

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