Des draps de soie pour un taudis.
En 230 pages qui s'avalent comme un cocktail bien tassé, Goolrick raconte l'ascension et la chute d'un homme (et de quelques autres, plus subrepticement).
Un homme à qui tout réussi, qui bosse pour une banque d'investissement (embauché grâce à sa réussite à une partie de poker), a tout : une fortune, des potes de beuverie, drogues et fêtes en tous genres, des femmes belles et riches, du sexe facile avec homme et femme, des costumes taillés sur mesure, et des draps de luxe où s'écrouler après ses nuits d'excès.
Mais dès les premières pages, on sait que tout ça n'existe plus. Celui qui raconte, Rooney, a chuté. Tout perdu.
Ce livre est comme une confession. Un décorticage qui amène à la fin. Des souvenirs auxquels s'accrocher pour ne pas totalement sombrer.
Goolrick a une écriture incisive. Des phrases sans superflu. Dans une urgence, une frénésie. Et en même temps, une tendresse, un regard posé, fataliste.
Ce livre raconte aussi combien la vie pouvait être facile et insouciante avant l'arrivée du Sida, avant la destruction des deux tours.
On revit la sueur, la peur, la chandelle qui brûle par les deux côtés.
Roman d'immersion.
Terriblement bien écrit, et juste.
De très beaux portraits de personnages, avec même de véritables souffles poétiques pendant des vacances orgiaques de décadences ou dans le caniveau puant d'une rue où règnent les prostituées.
Un livre épatant.
À ceux qui ont aimé Bret Easton Ellis (La chute des princes pourrait être le reflet déformé de Démons), Steve Tesisch (On pourrait croiser Karoo en train de couler dans une forme de rédemption avec Rooney) et d'autres de ces auteurs américains qui arrivent si bien à décrire la "jeunesse" dorée et sa fin.