La Dernière Joie par Rvd-Slmr
J'ai surement plus ou moins inconsciemment enlevé des points à « La Dernière Joie » pour m'avoir autant déprimé et pour ses sorties misogynes, mais je ne peux que constater que malgré cela, la force de ce roman me pousse à bien le noter.
Hamsun se fait vieux, il traine sa carcasse hors des bois pour frayer un peu parmi les humains, s'amouracher de jeunes femmes qu'il essaye à peine de frôler tant il se sait usé. Alors il se fait parfois vieux sage (oncle comme il dit), se résigne à ne plus jamais être amant et à voir les jeunes brutes se tailler la part belle...
Il n'éprouvera pourtant de rage que contre le tourisme et la modernité (pour lui évidemment anglo-saxonne) qui viennent dénaturer sa belle Norvège alors qu'il est trop vieux pour la défendre. Il tempête puis se résigne à se noyer dans des petits boulots de vagabonds, lui qui a pourtant de l'argent...
Et au milieu de tout cela surgit quelque chose de fort, de puissant. Tout comme le mauvais temps quasi constant de la côté Atlantique ne gâche jamais la beauté de la Norvège, la "vieillesse" (il n'avait au fond que 53 ans quand le livre fut publié, il vivra jusqu'à 92 ans) ne gâche pas l'incontournable talent d'Hamsun, son œuvre reste épatante et ce livre a lui aussi gardé toutes ses forces intérieures, bien que l'an prochain il sera centenaire.
« Maintenant, de nouveau, ça va être l'hiver, la neige sur le Nord, le théâtre anglo-saxon. Et cela va être ma période solitaire, mes rouages s'arrêtent, mes chevent ne poussent plus, mes ongles ne poussent plus, rien ne pousse hormis mes jours. Et c'est bien que le nombre de mes jours s'accroisse, désormais, c'est bien. »