Autant j'avais apprécié ma première rencontre avec Anna de Noailles, à travers "Le Visage émerveillé", louant le fait que la poésie l'emportait sur le lyrisme, autant avec "La domination", ce fut tout l'inverse.
Publié en 1905 sous le drôle de pseudonyme de "Comtesse Mathieu de Noailles", Anna de Noailles décrivait elle-même "La domination" comme le "roman de ma folie" et c'est emportée par son lyrisme qu'elle ausculte et dissèque le sentiment amoureux et la relation adultérine.
Un roman très lyrique donc, trop lyrique pour moi, définitivement. Le fait qu'elle ait choisi de livrer son analyse dans un roman avec un homme dans le rôle clé m'a fait penser à ces écrivains qui se piquent de maîtriser la psychologie féminine mais finissent par appliquer à la Femme une version fantasmée de ce que les hommes imaginent être les émotions et les sentiments féminins. Ainsi, l'Antoine Arnault d'Anna de Noailles, sûr de lui, séducteur, sorte de Don Juan dandy fin de siècle ne m'a-t-il pas vraiment convaincue. Fait aggravé par son statut d'écrivain un rien blasé et sadique, viveur, noceur, pédant, volage, bref, héros ou anti-héros, difficile de trancher... et de s'y attacher.
Anna de Noailles a écrit très peu de romans, trois si ma mémoire est bonne donc, si je fais les comptes : 1 succès + 1 déception, c'est le dernier qui fera pencher la balance.