C’est aux éditions Syros qu’est publié en 2013 « La fille qui n’aimait pas les fins », un roman jeunesse issu de la collaboration de deux auteurs français : Yaël Hassan et Matt7ieu Radenac. Cette première, loin d’être novice dans le monde de la littérature jeunesse, est l’auteur d’une quarantaine de romans avec lesquels elle a reçu de nombreux prix. Quant à lui, jeune professeur de math, il a débuté dans l’illustration avant de se lancer dans l’écriture. Un duo intergénérationnel qui cartonne !

Maya, dévoreuse de livres, ne peut acheter tous les livres de la terre c’est pour cela que sa mère l’inscrit à la bibliothèque. Mais l’adolescente n’apprécie pas l’idée d’emprunter des livres que d’autres ont lus. "Emprunter un livre et avoir à le rendre ensuite, à s’en séparer, à s’en éloigner … Impossible !" Mais la bibliothèque n’est pas un lieu comme elle l’avait imaginé, elle prend un certain plaisir de s’y rendre en fin de compte ! Elle y fait la connaissance de Manuelo, un homme d’un certain âge avec qui elle fondera une amitié basée sur l’amour de la lecture. « La fille qui n’aimait pas les fins », une histoire à deux voix qui alterne les points de vue d’une adolescente en manque de figure paternel et celui d’un vieil homme coupé de sa famille. Deux êtres qui vont s’apprivoiser au fur et à mesure de leurs rencontres et de leurs correspondances et qui vont ensemble réapprendre le goût à la vie.

On l’aura bien compris ici, ni les livres ni la lecture ne sont les thèmes principaux de l’histoire. Ils sont utilisés plutôt comme des outils, sortes de médiateurs entre les deux héros. Maya est une adolescente un peu marginale dont la plupart de ses amis sont des livres mais qui au contact de cet inconnu s’ouvre peu à peu, se confie. Quant à la bibliothèque, elle joue le rôle de lieu de rencontres et de partages, une zone neutre en dehors de l’école et de la maison.

Cette histoire dégage une simplicité rafraîchissante, avec des personnages réalistes qu’on pourrait bien rencontrer au coin d’une rue. L’héroïne, Maya ne correspond en rien au stéréotype de la "teenager" qui ne pense qu’à son apparence et à la marque de son vernis cependant comme toutes les adolescentes, celle-ci tombe amoureuse, ne supporte pas toujours son beau père… Sont abordés ici avec subtilité des thèmes tels que le deuil, la solitude, la séparation, la famille, les relations entre générations…

Les auteurs de par la présence de moyens de communication (mails, marque page annoté, post-it, cartes postales…) et de par l’absence de descriptions trop précises aux niveaux des personnages et des lieux, nous facilitent l’entrée dans l’histoire ainsi que l’identification aux personnages. Les différentes polices utilisées ainsi qu’une utilisation fréquente de dialogues aèrent le récit, le dynamisent. En ce qui concerne le vocabulaire, celui-ci est varié : on retrouve autant des mots familiers que des mots soutenus. Cela provient du fait que les personnages ne font pas partie de la même tranche d’âge même si tous deux sont cultivés. Maya apprend au contact de Manuelo des mots dont elle ignorait la signification « -Tu es une bibliomane particulière, Maya. –Une quoi ? […] Je rouvre le carnet pour noter ce mot.-Une collectionneuse de livre… »

« La fille qui n’aimait pas les fins », un roman de vie et d’espoir qui envisage les livres comme liens entre êtres humains. Une heureuse découverte littéraire pour la bibliomane que je suis !

Blandine Bourgeois

"Un livre, c’est le récit d’une ou de plusieurs vies, celles des héros, il y est question de rencontres, de bouleversements grands ou petits. Et si j’étais l’héroïne de mon livre et que, pour une fois, je n’empruntais pas les aventures d’autrui mais racontais plutôt les miennes ?"
Bdine
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le 4 mai 2014

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La Fille qui n'aimait pas les fins
vbmononoke
6

Critique de La Fille qui n'aimait pas les fins par vbmononoke

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