Dans tous les sens
Pratiquant la sociologie du travail sauvage, je distingue boulots de merde et boulots de connard. J’ai tâché de mener ma jeunesse de façon à éviter les uns et les autres. J’applique l’expression...
Par
le 1 oct. 2017
30 j'aime
8
Avec ses neuf « leçons » censées correspondre chacune à une étape d’un voyage touristique (« À la douane », « Dans le taxi », « L’arrivée à l’hôtel », etc.), la Folie sans peine parodie les méthodes de langue – celles, façon « méthode Assimil », d’avant les applications. Cela n’est pas illogique : les auteurs (1) soulignent dès l’introduction que la folie et le langage sont liés – j’en connais même aux yeux de qui la folie est un langage.
Donc, à chaque étape, dix fous (2) répondent à quatre questions posées : l’hystérique, le paranoïaque, l’obsessionnel, le dépressif, le maniaco-dépressif, le phobique, le mélancolique, l’érotomaniaque, le narcissique et le pervers. À chaque fois, des notes de bas de page, généralement plus longues que les réponses qu’elles complètent, constituent le gros de l’ouvrage.
Or, quand je dis le gros de l’ouvrage… Il faut reconnaître que tout cela reste assez mince… Évidemment, ce serait grotesque d’attendre que la Folie sans peine délivrât un cours de psychiatrie – ou de philosophie –, bien que le livre soit publié dans la collection « Perspectives critiques » des P.U.F. (3). Mais en attendant c’est la tournure que l’ouvrage semble prendre, par exemple quand on lit en note que « C’est une constante de la psychose mélancolique que ce sentiment lancinant d’indignité morale » (p. 27) ou que « Cette déclaration, qui allie une extrême intensité d’expression à un contenu objectif assez vague, est typique du dialogue hystérique » (p. 37).
Aller plus loin ? Ça ne paraît pas entrer dans le plan des auteurs. Plus précisément, la Folie sans peine ne va plus loin, ni dans la direction (sérieuse) de la connaissance, fût-elle vulgarisée, ni sur le terrain (parodique) de l’humour. Si bien que le livre reste en définitive bien plat, et ce ne sont pas les illustrations de Jean-Charles Fitoussi qui lui donnent du relief.
(1) Didier Raymond ? Clément Rosset ? les deux ? Il semble que le premier ait écrit seul la première édition, et que le second ait « particip[é] à une nouvelle version » (p. 7). Mais le premier a-t-il participé à la deuxième version ?
(2) Ou patients, ou personnes porteuses de troubles mentaux, je ne sais pas trop comment il faut dire…
(3) À propos des P.U.F., je conseille à quiconque n’a pas été étudiant dans les années 1990 ou 2000 de jeter un œil aux couvertures de la collection « Premier cycle ». C’est au-delà de tout.
Créée
le 25 août 2022
Critique lue 18 fois
2 j'aime
1 commentaire
Du même critique
Pratiquant la sociologie du travail sauvage, je distingue boulots de merde et boulots de connard. J’ai tâché de mener ma jeunesse de façon à éviter les uns et les autres. J’applique l’expression...
Par
le 1 oct. 2017
30 j'aime
8
Pour ceux qui ne se seraient pas encore dit que les films et les albums de Riad Sattouf déclinent une seule et même œuvre sous différentes formes, ce premier volume du Jeune Acteur fait le lien de...
Par
le 12 nov. 2021
21 j'aime
Ce livre a ruiné l’image que je me faisais de son auteur. Sur la foi des gionophiles – voire gionolâtres – que j’avais précédemment rencontrées, je m’attendais à lire une sorte d’ode à la terre de...
Par
le 4 avr. 2018
21 j'aime