Avec ses neuf « leçons » censées correspondre chacune à une étape d’un voyage touristique (« À la douane », « Dans le taxi », « L’arrivée à l’hôtel », etc.), la Folie sans peine parodie les méthodes de langue – celles, façon « méthode Assimil », d’avant les applications. Cela n’est pas illogique : les auteurs (1) soulignent dès l’introduction que la folie et le langage sont liés – j’en connais même aux yeux de qui la folie est un langage.

Donc, à chaque étape, dix fous (2) répondent à quatre questions posées : l’hystérique, le paranoïaque, l’obsessionnel, le dépressif, le maniaco-dépressif, le phobique, le mélancolique, l’érotomaniaque, le narcissique et le pervers. À chaque fois, des notes de bas de page, généralement plus longues que les réponses qu’elles complètent, constituent le gros de l’ouvrage.

Or, quand je dis le gros de l’ouvrage… Il faut reconnaître que tout cela reste assez mince… Évidemment, ce serait grotesque d’attendre que la Folie sans peine délivrât un cours de psychiatrie – ou de philosophie –, bien que le livre soit publié dans la collection « Perspectives critiques » des P.U.F. (3). Mais en attendant c’est la tournure que l’ouvrage semble prendre, par exemple quand on lit en note que « C’est une constante de la psychose mélancolique que ce sentiment lancinant d’indignité morale » (p. 27) ou que « Cette déclaration, qui allie une extrême intensité d’expression à un contenu objectif assez vague, est typique du dialogue hystérique » (p. 37).

Aller plus loin ? Ça ne paraît pas entrer dans le plan des auteurs. Plus précisément, la Folie sans peine ne va plus loin, ni dans la direction (sérieuse) de la connaissance, fût-elle vulgarisée, ni sur le terrain (parodique) de l’humour. Si bien que le livre reste en définitive bien plat, et ce ne sont pas les illustrations de Jean-Charles Fitoussi qui lui donnent du relief.


(1) Didier Raymond ? Clément Rosset ? les deux ? Il semble que le premier ait écrit seul la première édition, et que le second ait « particip[é] à une nouvelle version » (p. 7). Mais le premier a-t-il participé à la deuxième version ?


(2) Ou patients, ou personnes porteuses de troubles mentaux, je ne sais pas trop comment il faut dire…


(3) À propos des P.U.F., je conseille à quiconque n’a pas été étudiant dans les années 1990 ou 2000 de jeter un œil aux couvertures de la collection « Premier cycle ». C’est au-delà de tout.

Alcofribas
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le 25 août 2022

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