La lamentation rigolarde d'un juif qui rêve d'être goy

4. Et le seigneur dit à Moïse :
« Voici la terre que je t’ai promise,
mais tu n’y entrerais point.
Et vlan dans l’os ! »
5. Et Moïse mourut.

Deutéronome

N’étant pas un grand lecteur, l’idée même d’apprécier un livre jusqu’à l’orgasme m’étais impensable. Ceci est chose faite avec « La lamentation du prépuce ». Cependant, je ne peux parler du contenu sans parler de l’auteur et son histoire.

Shalom Auslander est un écrivain new-yorkais issu d’une famille juive orthodoxe. Le dernier point est très important, car le livre retrace une partie de sa vie et de sa conception du judaïsme orthodoxe. L’auteur exprime son angoisse et son vécu de ce mouvement religieux qui le perturbe encore aujourd’hui. Il nous conte par l’humour et la dérision la venue prochaine de son enfant et l’angoisse sur son sexe, d’ici provient le titre.

L’humour est un des éléments marquants de cet ouvrage, comment mieux vous exprimer les fou-rires que vous vivrez que par un exemple concret ! Le passage que je vais vous citer se situe dans les premières pages du livre, l’auteur explique des croyances du culte juif, et plus précisément en lien avec la masturbation : – le passage étant trop long, je ne citerais que la chute – « Une éjaculation contient environ cinquante millions de spermatozoïdes. À peu près neuf Holocaustes à chaque branlette. Lorsqu’on m’a dit ça, je venais d’atteindre la puberté – ou la puberté venait de m’atteindre -, de sorte que je commettais en moyenne trois ou quatre génocides par jours. » L’humour est, comme vous pouvez le constater, virulent, il pourrait être qualifié d’humour noir et c’est en cela que ce livre a toute ma bénédiction, car malgré l’angoisse de l’auteur, il parvient à nous faire rire sur ses malheurs.

L’angoisse, le deuxième élément de cet ouvrage. L’angoisse de devenir père, l’angoisse du culte juif, l’angoisse de ne pas être l’enfant parfait, cet homme est un angoissé récidiviste. Tout au long de sa vie, elle est et sera présente. Sa peur de Dieu et de son jugement est omniprésente, nous sommes face à un grand névrosé qui, à la fois défie Dieu le père, mais le craint comme un petit enfant face au grondement du père castrateur. L’auteur résume parfaitement cette angoisse en l’exprimant par le biais d’une ritournelle de son enfance :

Dieu est ici,
Dieu est là,
Dieu est partout,
Un point, c’est tout.

Pour conclure, je ne vous dirais qu’une chose : Lisez-le !
Nobodisme
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le 3 mars 2014

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