Dans les années 1820. Gösta Berling est un prêtre négligeant qui passe son temps à boire au lieu de prêcher. Son incurie est telle que ses ouailles se plaignent à qui de droit. L’évêque vint, vit et bannit. Gösta erra alors dans le Värmland, continua de boire et désira mourir.
Mais ce fut sans compter la générosité de la commandante d’Ekebu qui le tira de la neige dans laquelle il s’était laissé tomber, le recueillit et lui rendit de sa superbe. Il devint l’un de ses douze protégés, connus sous le nom des Cavaliers d’Ekebu. Soiffards invétérés, fêtards impénitents à l’égo et la vanité surdimensionnés. Jamais à travailler, toujours à plaisanter, railler, moquer. A jouer des bons tours à leurs contemporains. Malgré toutes leurs frasques, ils jouissent auprès des paysans (pauvres) d’une aura mirifique. Surtout Gösta, aimé des femmes malgré son lourd passé, sa piètre condition de prêtre défroqué, alcoolique, paresseux, couard et lâche. Mais sympathique et attachant.
Plein d’ingratitude pour leur bienfaitrice, les Cavaliers ne bougèrent pas le petit doigt lorsque la commandante d’Ekebu fut chassée par son mari et qu’elle perdit sa condition de femme la plus riche de la province. Au contraire, amusés, ils veillèrent à ce que sa disgrâce soit complète afin de régner en maîtres absolus sur l’empire de cette reine. Les sept forges qui firent d’Ekebu le domaine le plus riche s’arrêtèrent alors de fonctionner. Toute l’énergie des hommes passa dans l’amusement. Plus aucun minerai ne sortit de leur mines, plus aucune barre de fer ne sortirent de leurs ateliers jadis si prolifiques. Le blé récolté ne servit plus à nourrir la population mais à fabriquer de l’eau de vie. Les Cavaliers devinrent rois.
Cette légende est constituée d’autant de contes que de chapitres, rappelant les Ames mortes de Gogol. Une suite de tableaux poétiques empreints de superstitions, de fééries et de mythologie nordique. Apreté viking, austérité du septentrion, des forêts boréales couvertes de sapins et de neige. Personnages bigarrés, haut en couleur et truculents : le prêtre défroqué, la commandante, la comtesse Elizabeth, l’ours qui ne peut mourir que frappé d’une balle mêlé d’argent et de cuivre, le capitaine Lennart, le pasteur de Brobu, Sintram ou le diable incarné et Mans son fidèle serviteur… Véritables fils conducteurs liant les différents contes entre eux.
L’alcool coule à flot et pour un peu le lecteur s’attendrait à être invité au banquet d’Odin où les convives trinquent en buvant dans les crânes de leurs ennemis décapités. D’ailleurs, ces Cavaliers d’Ekebu, au nombre variable de 12 ou 13 m’évoquent les Walkyries. La cour de la commandante d’Ekebu est un savoureux mélange de Walhalla et de Cour des Miracles. On suit avec un plaisir émerveillé les frasques de ces Cavaliers, leurs beuveries, et leurs instants fugitifs de bravoure et de romantisme. Une écriture alerte, souvent lyrique et un style rythmé. Magie de la Suède et de ses grands espaces. Une très belle lecture et une ambiance, une impression féérique qui survivra longtemps en moi.
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le 23 nov. 2012

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