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La Locandiera
7.3
La Locandiera

livre de Carlo Goldoni (1753)

La querelle ne vous semble-t-elle pas ridicule ?

Ce qui est problématique quand on est moi et que l'on se sent obligé de produire une critique pour chaque œuvre que l'on note en omettant naïvement la possibilité que le tout venant internaute pourrait se foutre royalement de ce que l'on a à dire, c'est que cela peut devenir difficile de trouver une spécificité, un angle, pour aborder l'écriture de son papier.


C'est dans cette optique que j'ai décidé d'écrire une critique avec un angle nouveau, celui de ne pas en avoir. Un génie, n'est-il pas ?


Voici donc une critique de La Locandiera de Goldoni, sans angle mais en mise en page.


Titre : La Locandiera
Date : 1752
Langue : Italien
Genre : Théâtre/Comédie
Informations complémentaires : pièces en trois actes


Le théâtre de rue est un art que j'affectionne tant par l'évidente proximité qu'il met en place avec le public, qu'il engage que par ses impacts et influences diverses sur la culture populaire et les arts "majeurs".
Pour avoir eu la chance de jouer de la commedia dell'arte dans les rues de Rome, je peux vous assurer qu'il y a quelque chose de l'ordre de l'intemporel dans ce rapport à l'autre par le théâtre, oserai-je dire, d'universel ? Évidemment.
Souhaitez-vous que je continue à briser à sec la virginité des mouches pendant longtemps ?
Non, alors allons à l'essentiel.


Le théâtre de rue a cette vitalité, cette capacité de réinvention qui me motive dans l'art de manière général.
La Locandiera, disais-je avant de me laisser aller à des divagations égocentriques, c'est avant tout une œuvre qui applique une recette qui marche.


Stop ! Dans un premier temps, constatons ensemble que malgré ma résolution, je n'ai réussi à vous livrer une critique sans angle. Dans un second, j'ajouterai que cela m'est égal et que je continuerai dans cette direction.


Un éclaircissement s'impose.


Je vais devoir, pour vous amener à cet éclaircissement, raconter ma vie, pardon par avance.
J'ai eu l'occasion de jouer cette pièce. Ma vision la concernant en est quelque peu biaisée.
Dois-je considérer le plaisir que j'ai eu à me produire sur scène comme partie intégrante de mon appréciation et de mon jugement de l'œuvre ?


Autant vous le dire tout de suite, j'ai déjà malgré moi répondu à cette interrogation : c'est oui.
Il m'est impossible de ne pas prendre en compte l'expérience de la scène cette équation.


Moi, moi, moi, qu'en est-il de la pièce ? Nous y venons.


Je considère cette pièce comme réussie.


Une brève contextualisation s'impose cependant pour vous expliquer les tenants et aboutissants de ce qui va suivre.


Goldoni n'a pas écrit que des comédies avant la Locandiera. Il s'exerce notamment à la tragédie, à l'opéra bouffe. Goldoni étant sous contrat, il avait l'obligation de livrer chaque saison : 6 comédies régulières, 9 canevas et 5 opéras, le tout en cherchant à satisfaire les goûts parfois contradictoires du public.


En bref, l'écriture de La Locandiera intervient alors que le gaillard est rôdé, connaît les ficelles, les codes de son temps.


C'est cela qui m'a frappé : la formule.
La formule de la transition, de la commedia dell'arte à un théâtre plus moderne de Goldoni, sans masques.


Ingrédients :



  • L'intrigue est simple, allant à l'essentiel

  • Le lieu, celui du quotidien, une auberge

  • Les personnages croqués sont des personnages accessibles, de rangs défini


Les dialogues révèlent les caractères et les pantalons relevés des personnages.


Car oui, cette pièce n'a pas pour seul conflit la convoitise de Mirandoline par des hommes aux statuts sociaux différents mais néanmoins rivaux. La force de la pièce c'est que le personnage de Mirandoline se voit entre en conflit avec celui du Chevalier, "l'ennemi des femmes".


Pour elle, le but va être d'en faire plus qu'un ami des femmes, un amoureux, d'elle en l'occurrence.


En bref, cette critique a pour but de vous donner envie de découvrir la pièce plus que d'en livrer une analyse.


Au programme, vous attendent : comte, marquis, chevalier, comédiennes, valets, le tout dans une auberge florentine.


Cette pièce est importante dans la production artistique de Goldoni.


La Locandiera trouve de nombreux échos dans son quotidien de l'époque, notamment en ce qui concerne les attitudes sociales, les comportements et caractères des personnages et la place du rang social dans l'œuvre le démontre.


Une pièce plus complexe qu'elle en a l'air qui joue sur les différentes strates sociales et sur les questions qui en découlent mais pas que.


Je vous laisse avec le monologue de Mirandoline, scène 9 de l'acte premier, que l'on trouve judicieusement en quatrième de couverture de l'édition qui se trouve encore aujourd'hui sur mes étagères (traduction de Norbert Jonard).


"Mirandoline, seule


Tous ceux qui descendent dans cette auberge s'amourachent de moi, oui tous, tous jouent les amoureux transis, et je ne compte plus tous ceux qui me proposent tout de go de les épouser. Et voilà ce Chevalier, cet ours mal léché, qui me traite sans ménagement ! C'est bien le premier voyageur qui soit arrivé dans mon auberge sans prendre plaisir à s'entretenir avec moi. Je ne prétends pas que tous, de prime saut, doivent tomber amoureux mais me mépriser de la sorte ? C'est m'échauffer furieusement la bile. C'est l'ennemi des femme ? Il ne peut les voir ? Pauvre fou ! Il n'a sans doute pas encore trouvée celle qui saura s'y prendre. Mais il la trouvera. Il la trouvera. Qui sait s'il ne l'a pas déjà trouvée ? C'est justement avec des individus comme cela que je me pique au jeu. Ceux qui me courent après ont vite fait de m'ennuyer. La noblesse, ça n'est pas pour moi. La richesse, je l'estime mais pas plus que ça. Tout mon plaisir consiste à me voir servie, courtisée, adorée. C'est là mon point faible, et c'est celui de presque toutes les femmes. Me marier ? Je n'y songe même pas ! Je n'ai besoin de personne. Je vis honnêtement, et je savoure ma liberté. Je commerce avec tout le monde mais je ne m'éprends jamais de personne. J'entends bien me moquer de toutes ces caricatures d'amoureux transis et j'entends user de tout mon art pour vaincre, abattre et briser ces cœurs barbares et insensibles qui sont nos ennemis à nous autres femmes qui sommes ce que la bonne mère nature a produit de meilleur au monde."


Note : plaisir d'offrir, joie de recevoir/10

Jekutoo
8
Écrit par

Créée

le 27 févr. 2019

Critique lue 115 fois

Jekutoo

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