Je sors complètement sonnée de cette lecture qui pour avoir été brève n'en fut pas moins fulgurante. Pour un récit "uppercut", c'est indéniablement percutant.
J'ai tout d'abord été déstabilisée par la belle couverture hypnotique du roman. Premier regard, je crois voir deux mains griffues grossièrement esquissées. Des mains haineuses, sombres et menaçantes. Illusion d'optique. Second regard, une dose de neurones, il s'agit en réalité du visage de la "petite barbare", un visage de jeune femme.
La "petite barbare", pseudo de taule, nous ne connaîtrons pas son prénom. C'est elle qui parle ou plutôt qui écrit. Emprisonnée pour complicité d'homicide, elle écrit sa haine, une "déferlante de haine en apnée", de quoi mettre KO les lecteurs les plus éprouvés. Chienne de vie. Pas de passé, pas de présent, pas d'avenir. Pas d'avenir ? A voir. La vie dans la cité, la prostitution, la pornographie, la dope, la délinquance, le fric facile, la pauvreté, la misère sociale, l'absence de rêves, de projets et même d'illusions. La vie de la "petite barbare".
Je vous le dis tout de suite, si, été oblige, vous êtes dans un état d'esprit "plage, légèreté et marshmallows", alors passez vite votre chemin et attendez la rentrée littéraire où j'espère que ce petit livre saura se tailler une large place. Astrid Manfredi livre ici une littérature noire mais réaliste ; noire parce que réaliste. J'ai eu quelques craintes en début de lecture mais l'auteur a su les faire s'évaporer très rapidement par son style sans concession très affirmé où la poésie naît de la boue et où le crime engendre l'humanité. Quel courage de choisir de tels thèmes pour son premier roman ! Courage ou audace ? L'avenir, paraît-il, appartient aux audacieux.
Un premier roman dangereusement convaincant.