Situer l'action principale d'un roman dans des toilettes publiques n'est pas banal. C'est ce qu'a fait Warwick Collins dans La pissotière, court roman qui relate le quotidien de trois immigrés jamaïcains préposés au nettoyage quotidien de latrines londoniennes. L'endroit est principalement fréquenté par des homosexuels blancs (ce qui aura son importance dans le récit) qui investissent les lieux pour s'adonner à de clandestins et rapides accouplements, conférant à l'endroit une réputation sulfureuse qui ne plaît guère à la municipalité. Cette dernière charge alors les trois employés de nettoyer l'endroit non plus seulement au sens propre, mais également au sens figuré. Malheureusement, les conséquences de cette épuration seront désastreuses pour les trois honnêtes salariés...
Concupiscents amateurs de débauche et de luxure, passez votre chemin, car, en dépit de ce que pourrait laisser croire ce pitch, La pissotière est tout sauf un roman licencieux. Ce canevas peu conventionnel et grivois est surtout un prétexte pour l'auteur pour donner à réfléchir sur toutes les formes de racisme. Racisme de couleur, racisme d'orientation sexuelle, racisme de religion, etc. Warwick Collins oriente les actions/réactions de ses personnages de manière à interroger le lecteur sur la tolérance, les faux-semblants et la place de chaque individu quel qu'il soit dans notre société. Et en cela, ce roman atteint parfaitement son but.