La Première Leçon du Sorcier est de lire ce livre

Mais avant tout, une chose vitale est à préciser : quand bien même la Première Inquisitrice est une préquelle à la saga de l’Épée de Vérité, il ne faut en aucun cas la lire en premier. Le roman se passe tellement de temps avant les événements des tomes précédents que vous risqueriez de vous retrouver envahis de spoilers.

[Spoilers possibles à partir d'ici]

En effet, l'histoire de celui-ci parle de personnages dont il est souvent question dans la saga originelle, soit la première Mère Inquisitrice (et première Inquisitrice tout court), Magda Searus, et de son Sorcier Merritt. Étant donné le principe, il est donc évident que certains sujets importants et mystérieux dans la saga de l’Épée de Vérité nous seront ici offerts sur un plateau d'argent ; pour les citer un peu au hasard, on y parle tout de même d'entrée de jeu du Temple des Vents, des trois boîtes d'Orden, de la création du Grimoire des Ombres Recensées (avec l'explication du fait que le livre n'est qu'un vaste canular servant à laisser croire au monde que ce dernier est la clé pour les boîtes), la fabrication de l’Épée de Vérité et ce à quoi elle sert réellement, ce qu'elle est vraiment... J'en passe et des meilleures.

On ne peut donc pas vraiment dire que Terry Goodkind nous serve quelque chose de réellement nouveau. Cela dit, il est tout de même plaisant de revenir dans cet univers, de rencontrer le premier 'Maître Rahl' et de découvrir qu'on l'apprécie bien ; tout aussi agréable de comprendre, sur la fin, qu'effectivement la belle histoire entre Merritt et Magda n'est juste plus possible puisqu'elle est devenue Inquisitrice, même si cette impossibilité nous a été tellement rabâchée dans les précédents tomes que ça sent un peu le réchauffé. Mais néanmoins, j'ai aimé. Comme toujours, Goodkind sait exactement quelle longueur donner à ses chapitres pour nous pousser à la consommation du « Allez, encore un petit chapitre et j'arrête. Si si, je vous jure. » Je l'ai lu d'une traite, et je me suis particulièrement attachée aux personnages principaux. Magda, avec sa force et sa sensibilité à fleur de peau malgré le fait qu'elle puisse devenir une véritable furie quand on la cherche. Merritt, son côté renfermé mais pourtant chaleureux, sans tomber dans les clichés tant tout chez lui transpire la douceur lors de ses scènes de face à face avec Magda. Et puis je tiens à en parler, même si secondaires : j'ai adoré Isadora, la première Spirite, et Naja, celle venant de l'autre monde pour trahir Sulachan et offrir ses services à l'Ancien Monde. J'ai juste été un peu attristée, il est vrai, qu'on ne donne pas une place plus importante à Naja sur la fin que celle de donner ses informations et devenir la nouvelle Spirite. Un personnage aussi réussi aurait sans doute mérité mieux. Ah, et pour conclure la section personnage, attention, le choc... J'ai a-do-ré Lothain. Certes, c'est l'antagoniste de l'histoire et je ne l'apprécie pas pour ses bons côtés, qu'il n'a de toute façon pas, mais j'ai savouré chaque passage où il jouait de son intelligence et de sa hargne pour sortir des choses affreuses d'une façon malgré tout délicieusement classe. Quel gentilhomme, ou presque. Et quel plaisir de voir à quel point il a manipulé tout son petit monde, lui qui était depuis le début du côté de ceux qui voulaient voir la magie et la vie disparaître de cet univers. Un marionnettiste parfait, qu'il est savoureux de voir tomber.

[Potentiels spoilers terminés]

En bref : lisez-le après la saga de l’Épée de vérité, mais lisez-le malgré tout. Les personnages sont tous assez attachants, et si parfois leurs histoires semblent un peu abusées car toutes torturées, ne vous en faites pas trop non plus car ça ne retire pas la saveur au livre. Cela dit, je dirai tout de même que c'est également un livre fait pour les fans de la saga originelle – même si quelqu'un n'ayant jamais lu un livre de Goodkind pourrait parfaitement apprécier. C'est un très bon livre, il n'est juste pas des plus surprenants, ni pour les habitués, ni pour les nouveaux lecteurs.