Développements relationnels au cœur d'un royaume tourmenté

Ce deuxième tome reprend exactement là où le premier s'était arrêté : à la fuite des deux protagonistes hors de la capitale, loin des complets qu'ourdissent les puissants pour eux, loin des malheurs qui les accablent sans leur laisser le temps de respirer, loin de tout.


Sous une plume classique mais efficace, Cinda Williams Chima nous immerge toujours dans son univers fascinant où, même si le background se révèle moins développé que dans le tome précédent à objectif introductif, les personnages se confrontent encore à leur destin. La Reine Exilée adopte ici une structure particulière : sur 500 pages, les 100 premières destineront les deux héros à voyager à travers le royaume pour se réfugier, Raisa traversant des marécages étranges en compagnie de l'armée, Han se heurtant à des retrouvailles au cours d'échauffourées. Ensuite, le reste du livre se focalise sur un lieu particulier : le Gué d'Oden. Alors que la princesse en fuite deviendra cadette de l'armée dans un entraînement rude, l'ancien voleur apprendra sa magie à l'aide de cours typiquement universitaire.


L'idée d'une "université" transposée dans un cadre médiéval-fantastique est ici exploitée par bien des manières, il n'y a aucun sentiment de vide contrairement à la trilogie du Magicien Noir. À l'instar du précédent tome, celui-ci se concentre uniquement sur quelques personnages : Amon, Talia et Hallie qui accompagnent Raisa, Danseur et Cat qui "suivent" Han, et quelques autres personnages, comme les jumeaux Mayar et la doyenne Abelard. Une dizaine de personnages compose donc le récit, et bien que certains soient encore sous-exploités, leur traitement exemplaire permet de traiter de plusieurs thématiques.


Parmi les personnages secondaires, j'ai été enchanté de voir une relation lesbienne développée entre deux femmes de l'armée (Talia et Pearlie), ce que j'avais peu vu dans le genre, et la thématique de la femme soldate mère de famille reste secondaire mais je suis content que l'auteur y ait pensé. Les jumeaux Bayar, un peu cliché aux premiers abords, révèle des facettes insoupçonnées, tandis que Cat reste ambiguë tout du long. Même parmi les principaux, l'intrigue verse parfois dans le classicisme sans que cela devienne mièvre :


La relation amoureuse entre "Rebecca" et Han était prévisible, mais il ne sort pas de nul part, et qu'à la fin Raisa se dise autant amoureuse de lui qu'Amon est un point scénaristique tout à fait bienvenu.


On peut regretter l'aspect trop "statique" de l'intrigue qui, hormis lors du début et de la fin, exploite peu son background et se focalise sur un seul lieu. Mais le développement des personnages contribue à la qualité du récit. Les rebondissement sont bien amenés, l'écriture est assez rythmée, les personnages sont attachants : un tome dans la continuité du premier pour une saga qui vaut le détour.

Saidor
7
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le 16 avr. 2017

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Saidor

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