"Et chaque braqueur, à sa façon, ne réclame-t-il pas avec armes et fracas sa propre part du rêve américain ?"

Amateurs de "Quand la ville dort" ou de "Usual suspects", sachez que "La société du hold-up" commence par retracer l’épopée des grands casses, épopée inscrite dans l’histoire américaine depuis les tâtonnements initiaux du premier hold-up à la fin du 18eme siècle en passant par les frères James, vaincus et revanchards de la défaite sudiste, et jusqu’à Patty Hearst. Cette histoire du hold-up à l’ancienne, acte de défi au pouvoir et au destin, nous emmène aussi de ce côté de l’Atlantique de la Bande à Bonnot à Spaggiari, en passant bien sûr par Jacques Mesrine.

Mais ces casses mythiques magnifiés par le grand écran se sont évanouis dans une époque moderne vidée de son idéologie et de ses valeurs, et le grand mérite du livre de Paul Vacca est de nous montrer en parallèle l’évolution du capitalisme mondialisé vers une prédation ultime, sans souci du système, sans un regard pour les conséquences, à l'instar de la disparition des valeurs "chevaleresques" du hold-up à l’ancienne qui a cédé la place à des casses d’une violence inouïe exécutés au lance-roquettes ou à la kalachnikov.

« En fait, la loi de la jungle a fait place nette à la loi du gang. La loi du gang, c’est lorsqu’il n’y a plus de loi. Le butin, en devenant le centre de tout, aimante les actions, les désirs et les pulsions. Une des leçons des films de hold-up : dès que le butin est là, il devient l’objet irrationnel du désir de tous, déréglant toutes les relations. Il détruit tout lien social. Et, de fait, la "société du hold-up" devient une forme d’impossibilité, tant les mots société et hold-up sont antagoniques.
Une société du hold-up est une société qui ne sait plus "faire société." », comme l’avait dit la Dame de fer en son temps … comme le laissent faire des politiques aujourd’hui dépassés par les experts, la technologie, la nouvelle échelle mondiale des affaires, ou parfois achetés par l’argent.

Paul Vacca en appelle à une nouvelle utopie nécessaire pour réinventer la société.
MarianneL
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le 21 avr. 2013

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