L'éclat de la vitre blasphématoire aurait causé une moins folle aventure si le propriétaire n'en n'avait été l'athée Turnbull, et si le briseur n'en n'avait été le catholique MacIan. Leur rencontre inopinée les mènera à travers terre, mer et ciel dans une odyssée où la confrontation des glaives suivra continuellement celle des idées.
Chesterton y traite avant tout du christianisme, de l'Eglise, et surtout de la foi, véritable saut dans le vide dont la chute, ici traitée dans tous les sens du termes, n'est jamais douloureuse mais ouvre l'âme à l'amour filial du Père vers ses fils :
- Seul avec Dieu ? Vous avez dû trouver la société de Sa Majesté plutôt monotone.
- Non, répondit MacIan, elle était beaucoup trop impressionnante.
L'auteur y traite aussi de l'amitié, qui va surprendre les deux bellicistes qui semblent opposés en tout. L'un petit et roux, l'autre grand et brun, l'un est athée et l'autre fervent catholique. Les deux sont pourtant farouches et intransigeants, et le monde moderne les trouvera fous pour cela. Les deux sont près à mourir pour la Vérité, et cette grandeur d'âme viendra rapprocher ces cœurs aux antipodes l'un de l'autre. La confrontation de leurs arguments les poussera dans leurs retranchements à tel point qu'ils finiront par se rejoindre, comme ayant fait le tour d'une sphère, comme le croisement de deux épées qui combattraient pour la mort.
L'amour y est évoqué avec parcimonie, mais avec profonde délicatesse et pudeur sentimentale. Il étreint le cœur, embrase les pensées du héros catholique, nourrit son imagination, cause ses désespoirs et les tumultes de son être.
Elle est une apparition soudaine, souriante et élégante, mais elle seule peut faire faire éclater cette force en sanglot ou calmer l'effervescence de son caractère. Si belle qu'elle en semble irréelle, elle est la seule certitude de l'âme engoncée dans la folie du réel.
Elle s'avança vers lui et, très simplement, lui tendit la main avec un sourire. Au moment où il effleura cette main, il comprit qu'il avait gardé toute sa raison, même si le système solaire était fou.
Cette vision féérique est un arrêt dans la machinerie infernale du combat entre Dieu et Satan, une suspension de l'univers causée par la rencontre de deux individus que le sort unit pour l'éternité. Et dans le tumulte incessant des vicissitudes de leur existence, malgré la solitude bourgeoise de Béatrice et l'originalité folle d'Evan, ils seront l'un pour l'autre uniques au monde.
Après cela, nous appartenons l'un à l'autre... jusqu'à ce que les étoiles tombent.