Par conséquent ?

Comme son sous-titre l’indique, la Technocratie en marche ! est une lettre ouverte. Voilà qui en marque les limites. Je doute que le destinataire principal, une sorte de Frosine pour start-up nation, l’ait lue, et j’imagine que si tel est le cas, elle a dû lui en toucher une sans faire bouger l’autre. « Je ne veux simplement pas du même monde que vous » (p. 17), finit par écrire l’auteur. L’inverse est vrai.
Publié à l’origine comme un article de blog (qui semble avoir aujourd’hui disparu), la Technocratie en marche ! se trouve en librairie sous une des couvertures… particulières des éditions grenobloises du Monde à l’envers, dont le catalogue est surtout constitué de textes de critique sociale et politique, généralement plus intelligents qu’un article de blog alter-écolo-décroissant, et moins ambitieux que les publications de l’Encyclopédie des Nuisances, par exemple.
On pourrait trouver dans pas mal d’autres livres un passage comme « “Recréer une mobilité économique et sociale par le numérique, la rechercher et l’innovation”, comme il est proposé dans le programme de 2e tour de votre candidat, cela signifie consacrer encore plus d’argent à la mise au point de machines qui détruisent les métiers existants, déshumanisent notre milieu de vie et radicalisent les pollutions de toute sorte (pendant la production, l’usage puis l’abandon de ces objets : puces RFID, compteurs Linky, robots, drones, nanotechnologies…) – c’est de l’extrémisme » (p. 16-7).
Tout ceci est à l’image du contenu de la lettre : il me paraît difficile de considérer que l’auteur se trompe quand il montre ce que cache un discours de campagne (« le mot de technocratie est absent des débats de campagnes de ces derniers mois, alors qu’il est la clé pour saisir la situation présente et que l’élection de Macron marque une nouvelle étape dans la suprématie de la couche sociale que ce mot désigne », p. 19), difficile aussi d’imaginer qu’un tel texte puisse avoir des conséquences.