Publié sur L'Homme qui lit :
Je n’ai pas assez souvent l’occasion de m’essayer à la littérature italienne et après avoir terminé La tentation d’être heureux, je ne peux que le regretter. Troisième roman de l’ancien avocat napolitain, qui consacre désormais sa vie à l’écriture, à sa femme et à son fils, il se déroule dans la ville dont il est originaire et qui est malheureusement plus réputée pour la Camorra, sa mythique mafia, que pour ses talents littéraires.
Cesare Annunziata est un vieux machin de soixante-dix-sept ans qui n’aime pas grand monde et ronchonne tout le temps. Veuf, il vit seul dans son appartement à Naples, et ne côtoie pas grand monde à part sa voisine de pallier, une vieille folle dont l’appartement est infesté de chats qu’elle recueille et dont l’odeur est pestilentielle, et un vieil impotent quelques étages plus bas, ami de longue date qui vit cloitré en attendant la mort.
Pourtant il a une famille, mais il passe son temps à se chamailler avec sa fille avocate qui le sermonne comme un enfant sur son hygiène de vie désastreuse depuis qu’il a survécu à un infarctus, et il en veut à son fils de ne pas être fichu de lui dire qu’il est homosexuel, comme s’il risquait de mal le prendre. A son âge, Cesare a décidé de reprendre sa vie en main, et s’il a jusque là été un mauvais mari et un piètre père, c’est terminé : il dit ce qu’il pense, fait ce qu’il veut et s’amuse comme un enfant en se faisant passer pour le préfet ou un ancien gradé de la gendarmerie afin d’obtenir quelques faveurs.
Pourtant, derrière ce personnage un brin acariâtre se cache quelqu’un de bien, et quand il découvrira que sa nouvelle voisine de pallier se fait allègrement taper dessus par son mari, Cesare décide de prendre les choses en main avec l’aide de ses voisins…
Malgré une histoire pas franchement poilante, celle de la violence conjugale et du tabou social qu’elle réprésente, Lorenzo Marone arrive à rendre ce roman drôle et léger, et on se prend d’affection pour ce personnage atypique de papy grincheux, qui n’est pas sans rappeler par certains moments celui de Jonas Jonasson dans Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire. Un roman attachant, plus délicat qu’il n’y paraît, qui donne effectivement envie d’être heureux.