Agréablement surpris par ce petit roman découvert par hasard. Il s'agit ici d'un petit polar et bien que je ne connaisse pas trop les rites et traditions du genre, on sent d'emblée qu'on est dans ce registre (je ne connaissais pas l'auteur, qui a produit des romans de ce genre en effet). Quelque chose dans cette narration très descriptive, simple et tranquille, et peut-être aussi dans cet afflux de bons sentiments et de drames intimes, engendre quelque malaise et laisse entrevoir une angoisse et une noirceur sous-jacente.
Gabriel n'est sans doute pas un ange, mais il apparaît soudainement dans cette petite ville de province et sa compagnie semble apporter du réconfort et de la paix à ceux qui le rencontrent. Ce calme inconnu s'occupe de José, dont la femme est à l’hôpital, il aide Rita et son mec, qui sont à court d'argent, il réveille des sentiments amoureux chez Madeleine, la réceptionniste de l'hôtel où il reste. En peu de mots mais par la grâce d'actions simples, il séduit son monde, calmement, sans rien demander en retour. Pourtant il y a anguille sous roche, perceptible peut-être à cause de ce vocabulaire culinaire, de cette obsession de la boucherie qui traverse la narration (repas, abats, cochon, jambon dans le torchon, main-bifteck etc... Notre héros est en pleine digestion (à l'instar d'un personnage qui mange une armoire entière).
Le début du livre est sans doute un peu mollasson , mais après une cinquantaine de page, le décor est planté, les personnage s'étoffent et l'on commence à découvrir un passé trouble en italique qui renvoie vers des suicides, des morts violentes, des faits divers tragiques. Gabriel est un ange qui semble suivre (ou attirer?) la mort elle-même. Intrigant.
Même si l'histoire languit un peu , on est tout de suite attiré par le style de Pascal Garnier, très clair, très concis et plein de mots d'esprits subtils. Les dialogues sont étonnamment plats et prosaïques, (ce que je suppose voulu) , mais ils sont pris dans un texte qui fleure bon la maîtrise littéraire. C'est très sympa à lire.
"La théorie du panda" est un bel exercice de style, et s'il manque un peu de punch dans cette histoire, cela est compensé par une narration douce qui cache bien son jeu. Le final est curieusement glaçant, satisfaisant sans être génial. Je relirai cet auteur, je pense. Recommandé pour une lecture de vacances.