La biographie d'un homme de droite par un homme de droite.

En-dehors des questions écossaises et irlandaises, je connais fort peu la vie politique du Royaume-Uni aux XIXe-XXe siècles. Sans m'attendre à un chef-d'oeuvre, j'ai lu cette biographie de Benjamin Disraëli en me disant qu'au moins elle me fixerait quelques idées.


C'est la biographie d'un homme de droite par un homme de droite, et en dépit des lectures nombreuses de Maurois, il n'a rien d'un historien. Le contexte politique est souvent trop rapidement expliqué, et ramené à des histoires de personne. Maurois copie le style de Tacite, avec un style allusif mâtiné de maximes de vie, mais le résultat est peu convaincant, car au niveau littéraire, si l'ouvrage se lit fort bien, il n'a rien d'exceptionnel.


Le livre est divisé en trois parties : la première décrit la jeunesse de Disraëli, ses origines juives, son renvoi du lycée, son caractère autodidacte auprès d'un père érudit, ses foucades et ses dettes, enfin ses tenues extravagantes. La deuxième partie suit Disraëli à la Chambre des Députés, ses débuts faiblards, son mariage avec une veuve, Mary Ann, son duel avec le chef du parti tory, Sir Robert Peel, sa création, de retour d'un bref exil parisien, d'un parti protectionniste au programme des plus flous, son premier ministère, dont il est rapidement évincé par Gladstone, chef des libéraux. La troisième partie décrit Disraëli au pouvoir, ses relations amicales avec la reine, son oeuvre (dont Maurois retient surtout la réforme législative), sa proclamation de Victoria comme "impératrice des Indes" sa vieillesse heureuse, et le contexte international - guerre en Afghanistan, en Afrique du Sud, sa mort avec sur sa tombe sa fleur préférée, la primevère.


Maurois insiste sur la sensibilité artistique de Disraëli, et insère dans chaque chapitre idoine une brève notice sur chacun des romans qu'écrivit ce personnage. C'est le talent littéraire, la passion de ce parvenu de la vie politique qui fascine Maurois. Il n'empêche que son livre ne sort pas des salons victoriens : rien sur la condition ouvrière ou populaire de l'époque (Maurois ne cite qu'au détour d'une phrase l'abaissement du temps de travail à une semaine de... 50 h de travail), et l'auteur admire sans mesure Disraëli pour avoir tenté une union entre le peuple et les forces conservatrices. Au moins c'est franc.


Le portrait de Disraëli en mondain qui cache ses angoisses ne m'a donc guère touché, et de manière générale le livre est fort complaisant avec son sujet. Disraëli eut-il des maîtresses ? Manoeuvra-t-il pour écarter ses rivaux ? A en croire Maurois, tout tenait à ses dons d'orateur. Naïf.

zardoz6704
4
Écrit par

Créée

le 1 avr. 2013

Critique lue 331 fois

1 j'aime

1 commentaire

zardoz6704

Écrit par

Critique lue 331 fois

1
1

Du même critique

Orange mécanique
zardoz6704
5

Tout ou rien...

C'est ce genre de film, comme "La dernière tentation du Christ" de Scorsese", qui vous fait sentir comme un rat de laboratoire. C'est fait pour vous faire réagir, et oui, vous réagissez au quart de...

le 6 sept. 2013

57 j'aime

10

Black Hole : Intégrale
zardoz6704
5

C'est beau, c'est très pensé, mais...

Milieu des années 1970 dans la banlieue de Seattle. Un mal qui se transmet par les relations sexuelles gagne les jeunes, mais c'est un sujet tabou. Il fait naître des difformités diverses et...

le 24 nov. 2013

43 j'aime

6

Crossed
zardoz6704
5

Fatigant...

"Crossed" est une chronique péchue, au montage saccadé, dans laquelle Karim Debbache, un vidéaste professionnel et sympa, parle à toute vitesse de films qui ont trait au jeu vidéo. Cette chronique a...

le 4 mai 2014

42 j'aime

60