Comment, en tant qu'êtres sensibles et pensants, pouvons-nous protéger notre sentiment de vivre; sans annuler toute intensité dans ce qu'il nous est donné à percevoir de ce monde, par l'intermédiaire d'une pensée dictatrice de grandes idées ?
Penser la façon dont il vit, ou bien vivre sous la gouvernance de sa pensée, voilà deux tendances que l'homme moderne peut être amené à théoriser au fil de ses expériences, telle une balle de ping-pong tenue en déséquilibre par des forces contraires : il s'agit là d'une quête maladroite, pour un organisme vivant, qui vise à éviter de connaître le sentiment d'inertie et de vide d'intérêt pour les choses du monde sensible qui l'entoure.
Il est sans doute bon, à notre époque, de comprendre d'où peut provenir cette sur-stimulation des êtres envers eux-mêmes, désireux d'une vie toujours plus intense, s'en lassant cependant, et ne trouvant pas non plus refuge dans la sagesse et l'annulation volontaire de toute intensité.
Tristan Garcia, dans son essai, tente donc de donner les clés d'une pensée contemporaine lucide, en vue de notre évolution dans un monde héritier de toutes sortes d'électrisations. Il nous présente ainsi à quoi s'apparenterait l'éthique d'une vie qui saurait garantir durablement le sentiment d'expérimenter vivement les choses, en toute connaissance de la cause du plus et du moins, en dé-confondant vie et pensée.