La Vie rêvée d’Ernesto G. par Nina in the rain

Il y a un grand danger à écrire un deuxième roman. Un deuxième roman, si le premier a eu du succès, c’est là où la totalité des « professionnels de la profession » vous attend au tournant. Il ne faut pas prendre le même thème (« l’auteur ne sait pas se renouveler ») mais pas trop s’en éloigner quand même (« on ne dégage pas de ligne directrice »). Il faut écrire une histoire radicalement différente (sinon on « tire sur les mêmes ficelles ») mais pas trop (on risque de « déconcerter le lecteur »). En gros, il faut faire pareil, mais pas trop, et en mieux. Sinon, les gens sont « déçus » (« après un première roman éclatant, Machin déçoit »).



Je crois, moi, que le deuxième roman est encore plus difficile que le premier, et qu’il n’a aucune visibilité. Pas de prix du deuxième roman, pas de bourse Goncourt ou de l’Académie Française, pas d’encadré dans Livres Hebdo. Rien qu’une ligne presque anonyme et de grandes attentes.



N’étant pas parfaite moi-même (oui, je sais, ça vous fait un choc, mais il faut l’admettre, j’ai quelques défauts) je regarde également les deuxièmes romans d’un air soupçonneux quand ils viennent à la suite d’un premier très apprécié (si je n’ai pas aimé ou pas lu, bien sûr, je suis comme tout le monde, hein, je m’en fiche). Autant dire que j’ai regardé La Vie rêvée d’Ernesto G. entre les deux yeux, longuement, avant de le commencer. J’avais sacrément peur d’y mettre trop d’attente. Je l’ai pris, posé, repris plus tard, reposé et à un moment, quand il ne s’attendait pas, PAF, je l’ai ouvert et commencé. La technique de la surprise a plutôt bien fonctionné, il faut le dire : j’ai beaucoup aimé. De manière générale c’était bien parti : l’histoire d’une vie, de plusieurs pays, d’un homme… Bien sûr, j’aurais aimé quitter l’entre-deux-guerres et le communisme, là je me suis parfois un peu mélangé les pinceaux avec La Capitana, mais il me semble que cette année la guerre d’Espagne et ses suites est la nouvelle Seconde Guerre Mondiale.



Je me suis beaucoup attachée à Joseph, j’ai suivi avec passion ses aventures dans le roman initiatique de cette génération bizarroïde, qui a connu deux guerres mondiales, les années folles, mai 68, le communisme et sa chute… On est baladé à travers les siècles et, à la fin, on en redemande. Un vrai plaisir.
Ninaintherain
8
Écrit par

Créée

le 22 août 2012

Modifiée

le 27 août 2012

Critique lue 494 fois

6 j'aime

Critique lue 494 fois

6

D'autres avis sur La Vie rêvée d’Ernesto G.

La Vie rêvée d’Ernesto G.
Karine_Laine
8

Critique de La Vie rêvée d’Ernesto G. par Karine Laine

La vie rêvée d'Ernesto G est un épais roman de J.M Guénassia ( prix goncourt des lycéens avec Le club des incorrigibles optimistes ) qui conte les aventures de Joseph Kaplan juif et tchécoslovaque...

le 25 mars 2015

4 j'aime

1

La Vie rêvée d’Ernesto G.
Claire3
10

Cher monsieur Guenassia, félicitations !

Dans ce deuxième roman, on suit Joseph Kaplan comme on suit l'écoulement du temps. Mais surtout on retrouve l'écriture déjà croisée dans "Le Club des incorrigibles optimistes" : ce rythme très...

le 10 sept. 2014

2 j'aime

La Vie rêvée d’Ernesto G.
Ninie31
10

Critique de La Vie rêvée d’Ernesto G. par Ninie31

"La vie rêvée d'Ernesto G." est ce genre de livre que j'ai envie de finir pour connaitre la fin, mais que je me force à déposer pour méditer à ce que je lis et qui une fois fini génère en moi un...

le 3 mai 2014

1 j'aime

1

Du même critique

Au bonheur des dames
Ninaintherain
10

Critique de Au bonheur des dames par Nina in the rain

Bon, bien entendu, la Crevette se met à couiner qu'elle a été traumatisée enfant, qu'elle ne peut pas supporter Zola (ou de manière générale la littérature du XIXème siècle, ce qu'on s'accordera à...

le 10 juil. 2012

27 j'aime

7

L'Éternel
Ninaintherain
1

Critique de L'Éternel par Nina in the rain

La première fois que j’ai rencontré Joann Sfar, c’était en 2002. 2002. Onze ans d’histoire entre lui et moi, et je devrais dire que ce ne furent pas réellement onze ans d’amour fou. A l’époque déjà,...

le 6 mai 2013

19 j'aime

L'Art de la joie
Ninaintherain
9

Critique de L'Art de la joie par Nina in the rain

Ce petit pavé-là, ça fait un bout de temps qu'on m'en parle. La première je crois que ça a été Isabelle A., de la librairie du Bon Marché. Elle le mettait en permanence sur table et me disait...

le 28 mars 2012

19 j'aime