Une lecture décevante, voilà mon ressenti à chaud.
La balafre de dieu n'est pourtant pas dénué de qualités, mais est plombé par ses défauts. L'idée de départ est celle d'une dystopie se déroulant dans un monde fictif, l'Armonésie, un pays où l'imagination et le rêve ont été banni car dangereux.
En effet, l'une comme l'autre sont perçus comme source de déviances et des freins au bonheur des citoyens. Dés lors, une Karma police (oui, comme la chanson de Radiohead) est instaurée, et des ponctions de crève-jour sont administrées aux citoyens pour leur extirper leurs rêves.
Voilà en gros pour la toile de fond.
Ce décor permet quelques bonnes idées et trouvailles de l'auteur autour d'une dictature du beau et de la création d'un label mochitude, par exemple ou encore de déviants rêveurs forcé de vivre en marge du système.
Cependant, la mayonnaise ne prend pas vraiment. La faute à des personnages pour lesquels on a parfois du mal à ressentir de l'empathie, mais aussi à un style d'écriture inégal. Certains passages sont très prenants, d'autre plutôt ennuyeux et certains (peu heureusement) pénible.
Francis Jr Brenet veut en effet parer son monde fictif d'une sorte de novlangue où de nouveaux termes dérivent de la crase de deux mots courant. Un exemple parmi d'autres (le seul qui me vienne là tout de suite) : le bouibouistiti pour parler des singes dressés pour servir les clients dans les bars.
Or, ces nouveaux termes sont trop nombreux, parfois ratés, et nuisent finalement au plaisir de lecture. Certains passages, volontairement cru / vulgaire m'ont un brin gêné, non par leur contenu lui-même, mais plutôt par le peu d'intérêt de leur présence par rapport au récit.
Chaque chapitre quant à lui est consacré à une personne que l'on suit dans son morne quotidien le temps de quelques dizaines de pages. Chacun d'entre eux se répond plus ou moins (de manière un peu forcé quelquefois), le tout au sein d'une chronologie un peu chamboulée, ce qui est dommage.
Les premiers personnages et récits du roman m'ont un peu fait craindre le pire tant tout cela tardait à décoller, mais heureusement quelques chapitres sont vraiment réussis et m'ont permis d'aller au bout, quoique laborieusement. Le roman aurait sans doute gagner à encore plus lorgner du côté du recueil de nouvelles, situées dans le même univers, quitte à abandonner son fil rouge.
À me lire, on serait tenté de croire que ce livre est un naufrage. Je ne vais pas mentir, La balafre de dieu n'est pas un roman indispensable, et on peut vivre sans l'avoir lu (en tout cas, moi, j'aurai pu). Je reste cependant persuadé que ce roman souffre d'erreurs de jeunesse (je parierai que c'est un premier roman) et que cet auteur peut accoucher de futurs romans tout à fait honnête.
Je ne jette donc pas le bébé avec l'eau du bain, mais j'en reviens au titre de ma critique : c'est encourageant, mais "peut mieux faire".