Délit de sale gueule.

J'ai le souvenir étant gamin d'avoir découvert dans un vieux livre une gravure représentant ce qui s'apparentait de prime abord à un loup dévorant nonchalamment une pauvre paysanne, un texte mentionnant à côté une certaine "Bête du Gévaudan". Depuis ce jour, j'éprouve une véritable fascination pour ce triste carnage survenu entre 1764 et 1767, affaire il est vrai teintée d'horreur et de mystère.

Directeur du parc zoologique d'Amnéville et passionné depuis toujours par les animaux sauvages, Michel Louis publiait en 1992 ce qui est considéré aujourd'hui comme le livre de référence sur le sujet: La bête du Gévaudan, l'innocence des loups, ouvrage qu'il étoffera d'ailleurs au fil des rééditions. Le but de la manoeuvre étant bien entendu de disperser un peu du brouillard qui entoure la légende, mais aussi et surtout de réhabiliter le loup dans l'esprit du lecteur, magnifique animal accusé depuis les premiers âges de tous les maux de la terre par l'ignorance de l'homme.

A partir de documents d'archives, de procès-verbaux rédigés à l'époque des faits et des nombreuses théories imaginées par les historiens et les zoologistes, Michel Louis nous plonge au coeur d'une enquête passionnante et documentée, s'attardant sur chaque aspect de l'affaire, la replaçant judicieusement dans le contexte social, politique, géographique et religieux du Gévaudan du XVIIIème siècle.

N'hésitant pas à remettre en cause certaines conclusions hasardeuses de ses illustres collègues, tout en mettant en lumière ce qu'il juge pertinent, Michel Louis parvient à une conclusion fort intéressante et qui se tien, sans toutefois prétendre détenir une vérité qui, de toute façon, nous restera à jamais inconnue.

Si, comme moi, le mystère de la bête du Gévaudan vous fascine, je ne peux que vous conseiller cet ouvrage complet même si parfois redondant, mettant à jour toute l'atrocité de ces attaques tout en livrant un beau plaidoyer pour une cohabitation plus harmonieuse entre l'homme et la nature qui l'entoure.