Bien que ce troisième tome de "L'épopée de Gengis Khan" soit essentiellement guerrier - et donc riche en récits de bataille -, je l'ai beaucoup apprécié. D'une part la narration est toujours aussi agréable à suivre, et d'autre part, je ne me lasse pas de découvrir le peuple mongol de cette période, si rude et violent fut-il.
Gengis ayant étendu sa puissance à l'est en écrasant l'empire jin (la Chine), c'est désormais vers l'ouest que se porte le galop de son petit cheval increvable. A l'ouest se trouve notre moyen-orient actuel et ses grandes cités musulmanes auxquelles Saladin a donné un rayonnement phénoménal. Pour les conquérants mongols, la distance n'est rien. Infatigables cavaliers, ces guerriers nomades se déplacent par dizaines de milliers, traînant dans leur sillage femmes, enfants, troupeaux et yourtes. La confrontation entre l'armée de Gengis et celle du shah Mohammed sera d'une violence inimaginable mais, comme bien souvent, le pire à craindre ne viendra pas de l'extérieur mais bien de l'intérieur. Les luttes intestines et les conflits d'intérêt s'entendent à saper la puissance d'un empereur aussi bien qu'une suite ininterrompue de guerres.
Ce troisième volet m'a permis de mieux comprendre quel sorte d'empire Gengis Khan avait érigé. Un empire bien fragile en vérité - et qui ne pouvait être qu'éphémère - car contrairement à d'autres, comme l'empire romain par exemple, il ne s'agit pas d'un empire d'occupation, structuré et "bâtisseur". Cartes, là où passa Gengis Khan, le sang coula, le peuple fut assujetti, les rois tombèrent mais nulle ville ne sortit de terre, nulle institution n'étaya la civilisation dominatrice et, au final, Gengis Khan fut davantage un razzieur qu'un empereur. Les lois tribales de son peuple n'auront jamais suffisamment organisé la société mongole, en proie aux plus élémentaires querelles de succession, capables à elles-seules de disloquer un empire.