Un drame, une famille décimée sauvagement et un nuage de mouches. Tout ressemble à un carnage provoqué par le père avant son suicide. Mais c’est trop simple, trop évident pour Lessard. Il ne peut se résoudre à penser qu’une famille normale et sans problème en arrive à cette extrémité. Peu après, Laila, une jeune fille vendant ses charmes sur le web est enlevée. Y a-t-il un lien entre les deux affaires ? Lequel ?
Victor Lessard replongé brutalement dans son passé par cette affaire sordide tient à découvrir le fin mot de ce quadruple meurtre. Passant outre les ordres de sa hiérarchie, il refusera de classer l’affaire en banal fait divers familial.
Dans ce roman, on retrouve les personnages du premier tome, Victor Lessard, son fils Adam et Fernandez, Sirois, Tanguay du SPVM. On fait aussi la connaissance de Jacinthe Taillon, ex partenaire de Lessard, qui lui voue une haine féroce depuis qu’une de leur filature a tourné au drame. Elle en rend Lessard responsable et ne lui a plus adressé la parole depuis qu’il a été viré de la section des Crimes majeurs où ils travaillaient ensemble. Chargée de l’enquête sur la disparition de Laila, elle va le croiser chez un suspect commun. Autant Lessard est minutieux et prudent autant Taillon est fonceuse et violente, menant ses interrogatoires comme peu d’hommes oseraient et jurant à qui mieux mieux. Malgré l’animosité qu’elle ressent à son égard, elle va devoir lui faire confiance et partager ses informations. En effet, les deux enquêtes semblent soudain avoir des points communs.
Sans temps mort, ce récit est addictif en diable. Une fois entamé, difficile de le lâcher. On découvre un Victor Lessard plus consistant que dans le premier opus ; sa personnalité se dévoile et s’affine et ses fêlures apparaissent. Cela accroit davantage son humanité et le rend définitivement sympathique aux yeux du lecteur.
Fidèle à son style, Martin Michaud nous offre des chapitres courts, dynamiques et joue sur la temporalité. Pour garder notre attention, il anticipe les événements pour mieux revenir à leur genèse ensuite. Et cela fonctionne à merveille.
Pourtant, je ne suis pas aussi enthousiaste après cette lecture qu’après les précédentes. Le sujet très complexe mettant en lumière les dérives de certains membres éminents du clergé laisse des zones d’ombres. A vouloir multiplier les actes crapuleux et les personnages, on vire vers une mauvaise série B. Les liens entre les protagonistes sont-ils si innocents ? Le tueur choisit-il vraiment ses victimes au hasard ? Des pistes sont ouvertes et jamais clairement refermées. Que vient faire Millet dans tout cela ? Était-il utile ?
Et puis deux choses m’ont mises mal à l’aise : la multiplication des gros mots et de la vulgarité (je n’avais pas remarqué un tel afflux dans les autres romans de l’auteur) et la surenchère dans l’horreur et le gore. La violence faite aux enfants passe difficilement chez moi et je me serais bien passée d’en connaitre les détails sordides.
Si quelqu’un a lu ce tome et s’en souvient, j’en parlerais volontiers avec lui par courriel pour échanger nos points de vue.
Au final, un roman efficace au style percutant mais une histoire trop touffue manquant de précision et qui me laisse sur ma faim.