"What you're gonna do Katie ? You're a sweet sweet girl, but it's a cruel cruel world"
Susie, que s'est-il passé ? Je cite la quatrième de couverture : "Un livre pour les enfants qui aiment déjà lire tous seuls", non, non, et non ! Est-ce un plantage en règle de l'éditeur ? Cela m'ennuie de la part de l'Ecole des Loisirs. Susie Morgenstern fait-elle une dépression nerveuse ? Ce qui m'embêterait beaucoup également, moi qui adore ses romans d'habitude. Mais là on a un gros souci : ce livre là n'est pas pour les enfants, il n'est peut-être même pas pour leurs parents.
On assiste à une débâcle, Catherine, enseignante, deux mètres et quarante balais au compteur, n'en peut plus. Sa classe, pour la deuxième année consécutive, est bavarde. Vraiment extrêmement bavarde et dissipée. Et c'est là qu'on commence à avoir un souci. Catherine voudrait, dans l'ordre, "étrangler les bavards", "les égorger au besoin", les enfermer dans des cages solidement verrouillées", "au minimum". Quelle violence ! Bien sûr, elle ne passe pas à l'action, les solutions qu'elle va véritablement proposer (en vain) sont bien plus pacifiques, mais que va penser un enfant qui va lire ça ? Je vous rappelle (ou vous apprends) que la collection Mouche de l'EDL est destinée aux enfants entre 6 et 8 ans. Ce n'est quand même pas idéal de leur laisser penser que leur instit pourrait avoir des envies de meurtre à leur encontre. Et la prof n'est pas la seule a avoir ce problème. On a aussi Renaud, psychopathe en puissance : "Je hais, je déteste, j'exècre l'école", passons sur le niveau de langage et le désamour scolaire qui peut arriver à tout âge, "je ne suis pas du genre vomisseur, mais je vomis intérieurement toute la journée, vissé à cette chaise abominable, enchaîné à ce bureau de misère", ok... "J'adore surtout me moquer des autres élèves. C'est un plaisir qui ne peut jamais attendre", c'est là que je me suis dit qu'on avait affaire à un futur psychopathe. Sans compter le remplaçant - de la maîtresse qui fait une dépression - qui rêve d'infliger des châtiments corporels. Oui, je trouve ça un peu violents pour les minots. Même la solution qui va enfin marcher est un peu violente : un pistolet à eau. Même si ces derniers sont relativement inoffensifs, je crois (et ce n'est que mon opinion personnelle), qu'on ne devrait JAMAIS habituer un enfant à voir une arme, ou quelque objet ayant la forme d'une arme létale, comme un jouet.
Enfin, on peut aussi dire que j'ai les idées mal placées, mais ça m'a bien fait rire quand elle dit que son mari ne fait qu'un mètre quatre-vint-dix-huit, mais que ça ne l'empêche pas de l'aimer ni de "profiter de ses services". Ce qui me rappelle ma grand-mère qui m'avait dit un jour qu'elle n'aurait jamais épousé un homme plus petit qu'elle, elle aurait eu trop honte. Non, mais quelle idée ! Quoiqu'il en soit, avec ses un mètre cinquante et des poussières, quelles étaient les chances ?!
Bref, dans tous les cas, je pense que ce petit livre déroutant, voire dérangeant, va retourner straight to the publisher. Susie, ce n'est pas que je ne t'aime plus, mais là, ça va pas le faire. Et pitié, si vous offrez ce livre à un enfant malgré tout, lisez-le d'abord. On devrait toujours lire un livre avant de l'offrir à un enfant, on ne sait jamais de quelle manière il pourrait être interprété et compris, même si c'est T'choupi le pingourson. Et c'est une libraire qui vous le dit.
Titre de la critique : extrait de la chanson What Katie Did, rapport au nom de l'instit, Catherine.