Galbraith était un grand économiste, conseiller de plusieurs présidents américains (dont Roosevelt), décédé en 2006. Dans ce livre, il s’applique avec talent et clarté à décortiquer les mécanismes qui ont amené à la plus grave crise économique du XXe s. Une crise qui ne doit rien au hasard mais n’était pas forcément prévisible non plus, malgré des signes inquiétants de ralentissement depuis 1927 sur lesquels il était plus facile de fermer les yeux que de s’alarmer. Plutôt que telle ou telle personne qui ont pu avoir un effet d’aggravation des difficultés, l’auteur montre bien que cette crise traduit la faillite de tout un système financier et économique devenu « malsain », vantant les mérites de la spéculation comme moyen d’enrichissement rapide pour tout le monde. Galbraith s’attarde donc sur les causes multiples et complexes de cette crise puisque le krach d’octobre 29 ne survient qu’à la page 160, l’enchaînement des événements n’est alors pas immédiat mais fait l’effet d’une vague qui recule puis revient plus violente sur le rivage : à l’automne 29, certains banquiers, économistes et industriels continuent de soutenir que l’économie va repartir rapidement et que ça n’était qu’un soubresaut ponctuel. Le même discours est encore tenu en 1930 par certains refusant de voir la réalité…Les conséquences sont vues plus rapidement et rien n’est dit des différentes solutions mises en place pour sortir de cette crise (à part l’encadrement des activités bancaires) dont la politique du New Deal de Roosevelt à partir de 1932. Et l’auteur n’aborde pas du tout la mondialisation de la crise, se contentant de ne prendre que des exemples états-uniens. Toujours intéressant pour comprendre comment une catastrophe financière et économique peut se produire. Cette édition a été réactualisée pour tirer un parallèle avec la crise de 2008 et c’est le fils de Galbraith qui en rédige la préface.