Ce livre est moins un essai sur la cuisine du Moyen Age - et particulièrement des monastères - qu'un recueil de recettes agréable à parcourir, d'un format peu encombrant, et aux illustrations discrètes mais efficaces.
Personnellement, j'aurais apprécié qu'Albine Novarino-Pothier développât un peu plus le contexte socio-historique mais une fois que j'eus pris mon parti de le feuilleter comme un livre de cuisine, son ouvrage ne m'a pas déçue.
Sans surprise, les moines et les moniales des monastères se sustentaient avec les produits que leur travail produisait ou que la nature leur offrait : très peu carnée, la cuisine des monastères se constitue essentiellement des légumes du potager, des fruits du verger, des baies de la forêt, des champignons des prés et des œufs du poulailler.
Dans un contexte monastique où nourrir le corps était moins important que de nourrir l'âme, les moines et les moniales ont tout de même réussi à varier leur alimentation, davantage dans un but hygiénique que par gourmandise, semble-t-il (quoique nous ne pourrons jamais l'affirmer !).
Pour peu élaborée qu'elles soient, les recettes retranscrites ici sont savoureuses (ou semblent l'être car je ne les ai pas encore toutes testées) et s'associent dans mon esprit à certaines recettes de grand-mères ou de cuisine du terroir, de celles dont le fumet du bouillon est déjà un régal en soi, plusieurs heures avant de passer à table.
Dominée par les soupes et les omelettes, la cuisine des monastères sait aussi faire la part belle aux poissons quand le temps liturgique s'y prête, et si les desserts sont rares, les fruits et leurs déclinaisons culinaires compensent quelque peu cette lacune.
En vérité, après m'être plongée dans ce recueil et avoir expérimenté quelques unes de ses recettes, je considère que cette cuisine est plus actuelle que jamais, à l'heure où il est plus qu'urgent qu'on réapprenne à cuisiner "maison" des plats simples et rapides à préparer. Les moines et les moniales consommaient bien "cinq fruits et légumes par jour" et n'avaient pas à chasser le sucre, le sel, le gluten et le gras de leurs aliments... Une alimentation saine, à défaut d'être sainte !