Comment vous dire ? Quand un livre porte le titre "la dépression de ..." et un joli ruban rouge ajouté autour pas l'éditeur disant "une plongée dans la folie", ça forme des attentes. Par exemple, l'attente que le livre soit au sujet d'une dépression, ou alors un peu de la folie. Bien entendu il n'en est rien et l'auteur n'a clairement jamais compris ni peut-être eu d'expérience de l'une ni de l'autre.

Le préambule est simple, il s'agit d'une repompe du thème "Cheval de Turin". Un homme voit un animal (un serpent - attention, symbole !) écrasé sur le bord de la route, et disparaître de jour en jour jusqu'à l'absence complète de traces. Après ça il arrête de parler pendant dix-huit mois et regarde le plafond de sa chambre d'hôpital. Il entre ensuite en mode "l'étranger de Camus" voire en mode "Forrest Gump", en affirmant que voilà, c'est comme ça, quel sens vous voulez y trouver ? Foutez-moi la paix docteur, famille et société. Sauf que le talent de Camus, il n'y a point : au lieu de donner lieu à une exploration existentielle de la condition humaine, ça sonne juste complètement con.

La raison en est assez simple : l'auteur confond "ne pas mettre de sens" avec "l'impossibilité de trouver du sens". Si la seconde condition est bel et bien un vertige philosophique qui nous happe dans les profondeurs de nos petites âmes postmodernes, la première est juste une forme de paresse littéraire. Et on nage en plein dedans.

Dans un style (mal traduit, en plus) très Marc Lévy (mon dieu, ces dialogues...), on est forcé de subir les pensées à deux balles sensées mettre la vie en perspective. Bien entendu il s'adresse à son psychiatre qui n'a aucun répondant et semble rencontrer pour la première fois de sa vie quelqu'un qui parle.

Bref, je pourrais continuer, aller dans les détails de l'histoire pour finir de découper en petits morceaux cette arnaque de livre, mais ce serait de l'acharnement. Ca ne parle absolument pas de dépression ni de folie, aucun des aspects cliniques ni sociaux ni philosophiques de ces deux conditions ne sont même effleurés. C'est juste une histoire pseudo-existentielle pissée à la va vite sur le papier en observant des codes littéraires faciles et sans profondeur. Vous serez prévenus.
IIILazarusIII
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le 24 août 2014

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