Robert Bogdan lève certains tabous et tord le cou aux idées préconçues !
A ce jour, aucune étude sociologique ou scientfique n'a été consacrée au freak show (...) Il me semble pourtant que le freak show permet de mieux comprendre certaines pratiques sociales, de retracer l'évolution du concept d'anormalité et de théoriser le regard que nous portons sur la différence. (cf. p.16 de l'introduction). Voilà ce qu'ambitionne d'analyser Robert Bogdan à travers son étude sur La fabrique des monstres. Apparues aux États-Unis dans les années 1980, les Disability Studies sont à la croisée des Gender Studies et des Cultural Studies. Peu relayées en Europe, les sciences du handicap sont pourtant susceptibles d'alimenter d'intéressantes recherches (cf. pistes de réflexion proposées dans le présent ouvrage). Comme le souligne Robert Bogdan, l'étude des freaks shows a bien de choses à nous apprendre car la différence et à forciori l'anormalité, suscite toujours quelques réflexes de défiance, de curiosité ou de fascination qu'il convient de comprendre et de théoriser. Qu'elle porte sur les caractères physiques ou les déficiences mentales, l'étude originale des handicaps telle que présentée par le sociologue américain, rappelle que le divertissement de masse à l'américaine s'est principalement forgée sur la fabrique des freaks. Remontant à la genèse du phénomène par l'étude de l'histoire des freaks, l'auteur démontre que les "spécimens" exhibés dans les sideshows, les Dime museums, les Odditoriums, les cirques, les parcs d'attractions ou autres expositions universelles, ne sont au final rien de plus... ou de moins, que des gens du spectacle (importance du travail de mise en scène)... A bas donc nos préjugés et nos idées préconçues ! Les "monstres" décrits par Bogdan ne sont ni pathétiques, ni pitoyables : même s'ils ont stimulé certaines curiosités inavouables ou malsaines, même s'ils ont pour certains connu des sorts malheureux, les Freaks sont loin d'être les victimes que nous imaginons. Leur différence est bel et bien leur fonds de commerce et a largement participé de leur popularité. Car si les bonisseurs sont des menteurs et les pandres des dupes, les spectateurs en mal de sensations fortes recherchaient avant tout le divertissement et non l'apitoiement...
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