La Femme qui valait trois milliards, Boris Dokmak – Le Ravissement de P.H.
Attention : perle rare !
Un vrai Thriller jubilatoire par le côté ludique, intellectuel et savamment rythmé de l’auteur !
Disons-le d’entrée de jeu : 758 pages, ça peut faire peur. Or, le chapitrage calé sur « lecture de trajet de métro », ou feuilletonnesque fonctionne assez bien. La tension pulp est permanente, et sait s’acoquiner avec un goût des mots rares ou savants, un sens de la description recherché voire une véritable inventivité verbale (de beaux passages en maison de retraite). La digression savante assez longue sur les Momies du Tomphar, par exemple, est assez prenante. Autre qualité profonde : par son amplitude temporelle (récits historiques, anticipations, etc.), sa dilatation géographique (la côté somalienne jouxte les quartiers chics de Los Angeles en passant par les locaux de la CIA bruxelloises), sa polyphonie habile (deux enquêteurs dissemblables, des coupures de presse, des indices parlants) et sa respectable ouverture culturelle (des procédures de l’embaumement à un hommage aux Dupont et Dupond assez sympathique) – c’est un roman monde.
Certes, il y a quelques temps morts, quelques facilités : les passages hards obligés par la pédophilie ou le viol sont un peu trop obligés. Je dirais même un peu bâclés. Bien que P.H. soit le coeur de sa machine littéraire, Boris Dokmak est plus « tendre » et « attentionné » sur les violences faites aux vieux, assez jouissives, que sur celles faites aux femmes, simplement glauques.
Y aurait-il hommage au « Ravissement de Britney Spears » dans ce ravissement incroyable de Paris Hilton ? Il aurait été bon de l’appuyer davantage – le côté looser minable de l’agent secret français qui n’a même pas le permis devenu ici belge pouvait être bien plus creusé. Sa biographie, elle aussi, est un peu trop cliché - Jacquesbrelienne !
Un polar inoubliable, en tout cas, élégant, racé, et qui décoiffe !