Il fut un temps...
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le 20 févr. 2011
Retour de lecture sur “La fille de l’homme au piano” un roman publié en 1995 et écrit par l’écrivain canadien de langue anglaise Timothy Findley, un des plus connus de ce pays. Ce livre nous raconte l’histoire de Charlie Kilworth, un accordeur de pianos, qui, suite à la mort de sa mère, Lily, brûlée vive dans un hôpital psychiatrique, très peu de temps avant la deuxième guerre mondiale, essaye de reconstituer son histoire familiale à partir de ce que sa mère lui a laissé dans une valise en osier remplie de souvenirs, de textes divers et de poèmes. Charlie étant sur le point de devenir père lui-même, il s'interroge tout particulièrement sur l'identité de son père inconnu et craint de transmettre à son enfant les problèmes psychiatriques de sa mère. Ce roman, qui est une grande fresque familiale, multi générationnelle, se passe dans l’Ontario, au Canada, de la fin du XIXe siècle jusqu’en 1939, dans une famille d’immigrants catholiques irlandais. C’est superbement bien écrit, très fluide et très classique dans la forme, on aurait même tendance à croire que cela a été écrit au début du XXe siècle. De la très belle littérature, avec beaucoup de sensibilité, de la poésie, et qui bénéficie visiblement d’une traduction également de grande qualité. Findley est incontestablement un conteur très doué. La thématique principale de ce roman est la folie, que l’auteur traite à travers la vie de Lily, la fille de l’homme au piano, mort avant sa naissance, qui souffre de crises d’épilepsie, de visions paranoïaques et qui est également fortement attirée par le feu. Il expose notamment la manière dont cette folie est perçue dans cette société, la marginalisation et le rejet que cela entraine pour cette femme. Sa famille n’hésite pas à l'enfermer dans le grenier, comme cela avait déjà été fait précédemment pour d’autres “honteux” ancêtres atteints du même syndrome. Les personnages de Findley, que ce soient les principaux ou les nombreux secondaires, sont tous très attachants, tout est dépeint avec beaucoup de justesse, on a vraiment l’impression qu’il a vécu lui-même cette époque et que c’est un récit autobiographique. Le portrait de Lily, est très beau et on s’attache énormément à cette femme aux prises avec ses démons, entre ses hallucinations, ses crises et ses rêves. Son enfance est particulièrement bien traitée, sa psychologie complexe parfaitement bien détaillée, j’ai particulièrement bien aimé toutes ces petites choses qui font de cette fille un personnage original et différent, comme par exemple sa fascination et son attachement au monde des fourmis avec les trois fourmilières de son jardin d’enfance qu’elle a baptisé Thèbes, Amazonia, et Lilyland. La folie est apparemment un thème récurrent chez Findley, on sent à travers ce livre qu’il a beaucoup de tendresse et porte un grand intérêt à ces “fous” à la personnalité très riche et complexe. C’est un livre très touchant, avec des passages particulièrement poignants, notamment dans la quatrième partie, avec la mort de Lizzie, le plus jeune frère du père de Lily, dans des circonstances particulières. L’époque et la mentalité de ce milieu d’immigrants irlandais est magnifiquement bien décrit, on sent aussi tout au long du roman l’importance de la première guerre mondiale, dans cette région du Canada, qui n’a pas été épargnée par le sacrifice de ses jeunes hommes alors que les batailles ont lieu à l’autre bout du monde. La musique est un élément très important dans ce livre, sans elle il n'y aurait rien, c’est le fil conducteur de cette histoire, omniprésente tout au long du roman à travers l’activité des principaux personnages que ce soient des musiciens, des fabricants de piano, des accordeurs ou tout simplement des amateurs de musique. Le seul défaut de ce livre pourrait être lié à sa longueur, ses 750 pages. Cela manque clairement de rythme par moments et je me suis quand même quelquefois ennuyé. Mis à part cela, ce fut une très belle expérience de lecture. C’est un très beau livre et un auteur à conseiller.
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"De temps à autre, le silence était troublé par des grillons, des grenouilles ou le cri plaintif d'un pluvier en fuite - qu'Ede devait entreposer dans sa tête. Non tels qu'ils avaient résonné sur le moment, mais tels que sa perception du moment les présentait : un remous de sons semblable à un océan de murmures."
Créée
le 20 juil. 2024
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