Bien qu'elle porte un prénom très féminin, Helena n'a rien à envier aux garçons les plus endurcis. Élevée en garçon manqué par un père qui n'est autre que le kidnappeur de sa mère, Helena n'a jamais connu d'autre horizon que celui formé par les roseaux du marais de la Péninsule Supérieure du Michigan, la prison au grand air choisi par son père pour abriter sa "famille". Prisonnières de leur tortionnaire, Helena et sa mère le sont pendant presque quinze ans, jusqu'à ce que le destin décide de les extraire de la vase...
Son père, emprisonné pour enlèvement, séquestration, violences sur autrui, est l'héritier des traditions indiennes ancestrales. Chasseur et fin limier, le Wild est son domaine, survivre et ruser ses raisons d'être... La vie d'Helena et de sa famille bascule le jour où son terrible et cruel géniteur parvient à s'évader pour revenir rôder dans le marais. Pour Helena, la situation est claire : elle et les siens ne pourront être en sécurité tant qu'il sera libre et errant, et elle est la seule personne au monde à pouvoir le retrouver.
Roman à suspens plus que thriller, "La fille du roi des marais" propose une narration originale dans des décors atypiques, fort humides et insalubres. Les chapitres s'alternent en développant deux dimensions temporelles : la traque d'Helena pour retrouver son père et tenter de le neutraliser, et l'évocation des quatorze années où elle vécut au cœur du marais, loin de toute présence humaine autre que celle de son père et de sa mère. Personnellement, j'ai davantage apprécié la seconde même si les deux sont bien reliées entre elles par une mécanique efficace.
Si le style d'écriture n'est pas inoubliable, il est bien compensé par les descriptions de la vie à la rude qui permettent au lecteur de partager la vision d'une existence archaïque et primitive, coupée de toute civilisation moderne mais en adéquation totale avec les usages premiers des nations indiennes. Le rapport à la nature est très fort dans ce roman, il y est donc beaucoup question de pêche et de chasse, ce qui ne plaira pas à tout le monde. Le récit accuse d'ailleurs quelques longueurs.
Beaucoup de violence tant physique que psychologique teinte donc ce roman de nuances sombres. Les décors, les conditions de vie, les violences faites notamment à une jeune femme et à une jeune enfant, tout est fait pour créer un climat hostile et anxiogène. Cet aspect du roman est très réussi. J'aurais simplement voulu davantage m'attacher à Helena mais son pragmatisme l'aura empêché.