Publié sur L'Homme qui lit :
Il n’y a pire épreuve pour un parent que d’enterrer son enfant, car l’ordre des choses voudrait que les enfants enterrent leurs parents, et non l’inverse. C’est ce que nous rappelle Philippe Delaroche, éditeur et journaliste au magazine Lire, en évoquant le souvenir de sa fille Inès, décédée à 20 ans dans l’incendie d’un immeuble à Paris. C’était un 21 mars 2009.
L’auteur ouvre son récit par le récit détaillé comme un procès verbal de la matinée du drame, et on se retrouve avec la chair de poule dans ces volutes d’épaisse fumée noire et brûlante quand Inès, dans un geste aussi malheureux que désespéré, tentera de fuir dans la cage d’escalier alors grignotée par les les flammes.
Pour continuer à faire vivre celle qui n’est plus, le père raconte sa fille, n’épargne pas ses tourments de jeune adolescente parisienne, ses joies, ses peines. Tour à tour, ses amis évoqueront cette Inès qui nous est inconnue, et dont le récit des souvenirs réussit à la faire vivre au fil des pages. Et l’auteur d’en appeler à sa foi catholique, à ses amis qui l’ont si bien entouré, à ses lectures, pour supporter le poids d’un deuil difficile.
« Nulle mère et nul père sous le coup de la mort de l’enfant ne peut passer en trois jours, ni même en six mois, de la stupeur à l’accommodement » nous averti l’auteur, et c’est bien ça la conclusion de cette lecture touchante, celle d’un père offrant l’immortalité d’un livre à sa fille disparue trop tôt.