Petit roman mais grand talent...
Ce roman, comme une vague, nous fait pénétrer dans les flux et reflux d'une histoire d'amour (?). A travers les yeux d'un narrateur de plus en plus torturé par son désir de peindre, qui le tiraille avec la nécessité de mener une vie "normale" (travail, salaire...), on entre dans l'intimité d'un couple, d'abord naissant, puis installé. La particularité de ce couple en est également l'élément féminin, Marion, cette grande nageuse secrète dont même son mari n'arrive pas à percer la façade...
Le côté sublime du roman vient de l'ambiance qui s'en dégage. Bretons, les protagonistes sont littéralement habités par l'eau, par la mer, par les courants. On croit, durant la lecture, presque sentir les embruns, le goût du sel, l'odeur des peaux après la baignade. Le texte est concis et précis, mais aussi empreint d'une grande poésie, admirable lorsqu'elle est associée à un style aussi ramassé, à des phrases aussi courtes et denses.
Finalement, tout est à l'image du corps de cette grande nageuse : fort, puissant, brillant, aqueux, ramassé et secret. Un roman en forme de métaphore, donc, qui réussit également la prouesse, sans en avoir l'air, de faire monter la pression, la gêne, de faire poindre peu à peu le mauvais pressentiment qui, à juste titre, ne quitte plus le lecteur jusqu'à la fin, noire et belle...
Vraiment un beau roman, reposant sans être optimiste, mais berçant, apaisant et précis.