Confinement oblige, j'ai passé l'essentiel de mon temps libre le nez plongé dans un bouquin ces dernières semaines.
Ma dernière lecture fût la guerre des mouches, écrit par Jacques Spitz en 1938, ce livre traînant sur mon étagère depuis quelques temps. Je m'y suis plongé sans attentes particulières, l'ayant acheté en occasion dans une petite boutique.
Le pitch était amusant, le style me semblait bon, et pour une fois, il semblerait que mon manque de bon goût ne m'ait pas trompé.
Résumé
La guerre des mouches nous plonge donc au coeur d'un monde semblable au notre, on y suit les aventures de Jules-Evariste Magne, un entomologiste relativement asocial qu'on nous décrit comme préférant la compagnie de ses sujets d'étude: des mouches, que celle de ses semblables.
Le début du roman nous invite à découvrir la vie de Magne et le début d'une épidémie un peu particulière en Indochine (le livre ayant été écrit en 1938) les informations parlant d'une invasion de mouches.
On nous invite ensuite à découvrir la nouvelle guerre qui à lieu entre 2 espèces pour la domination de la planète: les êtres humains, et les mouches devenues organisées par une mutation d'instinct.
Le pitch du livre m'avait inspiré étant friand de la science fiction du début du XXème siècle, possédant un style inimitable, ainsi que d'oeuvre remettant en cause la domination de l'humanité sur la nature. On y retrouve une ambiance très similaire à d'autres oeuvre comme la planète des singes, l'auteur nous invite à nous questionner sur ce qui fait notre identité en tant qu'espèce tout en ajoutant une critique de l'individualité nationaliste des sociétés modernes, il est également difficile de rater la critique acerbe des organismes scientifiques, préférant leur entre-soi et la gloire à la vérité scientifique.
La grande force des mouches, c'est qu'elles n'ont ni drapeau, ni rituel, ni hiérarchie
L'histoire se déroule à un rythme très satisfaisant, alternant entre la guerre contre les mouches et la vie sentimentale de Magne qui vient apporter des pauses bienvenues dans l'intrigue, l'auteur alterne efficacement les passages de description du conflit et les passages centrés sur Magne, l'expertise de Jacques Spitz ayant déja écrit une flopée de roman avant la guerre des mouches se ressent fortement. Je me sens obligé de citer la scène de la bataille de Paris,qui m'aura tenu en haleine tant par son rythme que par la résonance historique avec des batailles réelles.
Malheureusement, il y a des défauts qu'il est important de noter dans cet ouvrage: les idées sexistes et xénéphobes caractérisant la période ou il a été rédigé sont bien présent. On n'échappe donc pas à plusieurs clichés racistes et autres tirades sexistes, notamment concernant le personnage de Micheline (le crush de Magne) qui est présenté comme un petit animal fragile et idiot. Je pense qu'il est important de poser un gros TW sur la couverture de ce livre avant de le recommander, certains propos pouvant réellement choquer.
Vous l'aurez compris j'ai malgré tout beaucoup apprécié cet ouvrage, mêlant efficacement une intrigue palpitante et questionnements philosophiques, malheureusement les vices de son époques sont bien présents.
J'irai malgré tout me plonger plus en avant dans la bibliographies de Jacques Spitz au cours des 12 prochaines années de confinement.
Bonne lectures à tous