Fin du 1er siècle après JC, à Rome et à travers l'Empire, les destins de deux esclaves, Thea la Juive, et Arius le Breton, se croisent, se mêlent, se décroisent pour s'entremêler à nouveau.
Combats de gladiateurs sanguinolents, luttes de pouvoir intestines, ambitions larvées, moeurs dissolues, retournements de situation en cascade peuplent densément ce récit de presque 700 pages. Davantage romance que roman historique, s'il emprunte bien à l'histoire antique son cadre et son contexte, l'érudition de son auteur reste très superficielle, à la portée du premier internaute venu.
Au final, le rendu est poussif - surtout si vous êtes du genre à attendre véracité et crédibilité d'un roman dit historique -, avec un effet "scénario de série US" assez marqué, jusque dans le rythme qui évoque un séquencement par épisodes. Pour l'inspiration, Kate Quinn a peut-être de l'imagination mais je lui crois surtout un don pour calquer sa trame sur des références évocatrices qui feront mouche auprès du lecteur, pour exemple l'insurrection du sénateur Saturninus en Germanie où j'ai vraiment eu l'impression de regarder "Gladiator" de Ridley Scott.
A contrario, si vous n'attendez d'un roman dit historique qu'un décor délayé, régulièrement et habilement ponctué de détails crédibles, si cela ne vous dérange pas d'entendre des protagonistes de la Rome antique employer le même vocabulaire que lorsque vous demandez à votre mari de vous passer le sel, et si vous préférez que la narration soit centrée sur les tours et détours d'une histoire d'amour, alors, oui, vous passerez un bon moment de lecture, garanti sans prise de tête ni cogitation intellectuelle ; parfois, je le reconnais, c'est appréciable (et l'été est enfin là).
Tout ça pour dire qu'après 300 pages plutôt engageantes voire prometteuses, mon intérêt a rapidement décéléré, au rythme d'une action de plus en plus prévisible et donc de plus en plus ennuyeuse.
Aussi, c'est un peu difficile, après avoir dévoré le sublime "Quo vadis ?" d'Henri Sienkiewicz, de revenir à ce genre romanesque qui semble cuit dans le moule de la future adaptation télévisée, tombant facilement dans la facilité du stéréotype et la mollesse du sentimentalisme.