Très dépaysant, ce roman au titre énigmatique nous transporte en Egypte dans la dernière décennie du XIXème siècle. Un pan d'histoire que personnellement je ne connaissais pas du tout.
Et pour cause, je ne pense pas qu'on nous ait beaucoup parlé sur les bancs de l'école de la colonisation de l'Egypte, d'abord sous domination française puis britannique mais relevant de l'empire ottoman et ayant un prince "de paille" à sa tête. Vous dire si c'est d'un compliqué ! Et pourtant l'auteur, Robert Solé, qui maîtrise bien son sujet sans assommer le lecteur de son érudition, parvient à nous intéresser à ce contexte politique complexe et nous faire même vivre la guerre du Soudan qui opposa les madhistes à l'armée britannico-égyptienne.
A travers le regard d'un couple de photographes de la communauté gréco-catholique des Syriens d'Egypte, le lecteur découvre la vie quotidienne des Cairotes et les différentes communautés qui composent alors la société égyptienne. En plus de traiter de l'histoire personnelle de Milo et Doris tout en exposant ce qu'était la photographie à cette époque et son évolution rapide au gré des progrès techniques, Robert Solé nous dépeint avec réalisme et simplicité des scènes officielles et officieuses tantôt édifiantes, tantôt humoristiques.
A défaut de m’être vraiment attachée aux personnages, j'ai été heureuse de me coucher moins bête après la lecture de ce roman, et c'est bien là un des enjeux principaux de la littérature.