"Cézanne ? Un beau fruit saumâtre" [Besnard, peintre]
La Peinture couillarde est un très sympathique petit recueil de ce qui fait toute la philosophie, toute la singularité de Cézanne, à travers des lettres, des propos recueillis, des avis de peintres contemporains à Cézanne, voire de petits poèmes en alexandrins humoristiques ou des pamphlets presque violents à l'égard de... pas mal de monde. Le talent, donc, de ce court livre est de nous donner à voir en peu de pages tout un personnage.
La peinture selon Cézanne est une étude de la Nature vue à travers le filtre de la sensibilité, de la personnalité de l'artiste, laquelle doit se dégager des influences extérieures et des poncifs de l'art. Une vision de l'art somme toute assez classique pour nous autres tard-venus (selon une expression heideggerienne), mais complètement novatrice pour le XIXe siècle. Et c'est en cela que Cézanne fut un peintre scandaleux et qui donna naissance à toute une nouvelle conception de la peinture et de l'art en général, entre l'impressionnisme et... autre chose.
C'est très facile d'accès, d'une virulence et d'un humour parfois savoureux, avec des anecdotes croustillantes (saviez-vous que Cézanne était terrifié par les femmes (même s'il les aimait, il n'arrivait pas à en faire poser et se basait sur des dessins pour ses oeuvres) et qu'il faisait une crise de nerfs chaque fois qu'on l'effleurait ?) La collection Mille et une nuits, encore une fois, est vraiment très bien.
Une lecture agréable, qui donne en outre un apport culturel non-négligeable pour qui s'intéresse un temps soit peu à la seconde moitié du XIXe siècle.