Le début de ce livre est assez déroutant. Magali, l'héroïne qui parle en "je", est une grosse rêveuse, plus ou moins "forcée" de fuguer à cause de sa timidité maladive qui l'empêche de demander un horaire de train et l'oblige à prendre un train qui ne va pas du tout où elle devait aller...


On a l'impression qu'elle passe son temps à rêver. Et au début du livre c'est assez incompréhensible. On devine que sa vie est difficile. Quelques passages avec sa mère et son frère le suggèrent, mais ne sont pas vraiment explicites. le père est absent, la mère l'ayant quitté. Cette dernière peine à gagner sa vie, et considère ses enfants, semble-t-il, surtout comme des boulets à ses pieds...
Alors Magali fuit dans ses rêves. Elle rêve de Pierre, qu'elle a connu enfant et dont elle était amoureuse. Elle a tout un univers onirique bien à elle construit autour de ça. Au départ, j'étais dubitative.


Il y a cependant un truc dans le style, j'ai bien aimé la façon dont c'est écrit. Magali a des réflexions assez poétiques, mais l'air de pas y toucher, en fait. Elle est passionnée par la pâtisserie, c'est son refuge, et ça la rend vraiment sympathique. Elle est touchante, au fond, et finit par être très attachante.


Or donc, Magali "fugue" sans le vouloir et se retrouve sur les routes, à suivre une Claire plus âgée mais complètement irresponsable, qui a entraîné son petit frère Victor dans une fugue volontaire, celle-là, pour aller retrouver un garçon qui lui a tapé dans l'oeil. Et Magali commence à grandir, par la force des choses, au fil des pérégrinations dans lesquelles l'entraîne Claire, qui est, pardonnez-moi de le dire comme je le pense, une belle salope. Magali lui sert simplement de faire-valoir...


C'est donc un road-trip initiatique qu'on a ici, où Magali va grandir de plusieurs années en l'espace de 2 semaines. Et quand elle finit par rejoindre la famille de Pierre, et par extension la famille de son père, tout devient beaucoup plus clair.
C'est une famille toxique, comme il en existe tant en ce bas monde (mais on ne veut pas le savoir, hein...).


Je ne suis pas étonnée que les avis sur ce livre ne soient pas très bons, mais moi, je l'ai trouvé très bon sur la fin. Quand tout s'éclaire avec les comportements de la soit-disant bonne copine d'enfance, la grand-mère côté paternel, la mère qui rejoint sa fille dans des conditions dont je ne parlerai pas pour pas spoiler.
Franchement, plus j'avançais dans le livre, et plus je l'appréciais.


Si Magali arrive à grandir (par à coups, avec des retours en arrière, très réalistes) et à s'affirmer, c'est grâce à une bande de copains, qu'elle a fini par croiser et qui s'attachent à elle, fort sympathiques. Et qui ne l'abandonnent pas en situation difficile...


La mère dit à un moment "j'aimerais avoir des amis, moi." Certes. C'est pas le tout de désirer, encore faut-il agir de sorte d'en avoir. Et c'est toute la subtilité de ce bouquin de montrer la différence flagrante de comportements et leurs résultats. S'il y a une leçon à en retenir, c'est que pour être aimé, encore faut-il être aimable.
Après il est vrai qu'elle a de la chance, Magali, de tomber sur des gens biens au cours de son voyage. Mais il en existe aussi. Il en existe aussi...


C'est un petit bouquin sans prétention, à la fois lourd mais plein d'espoir... Et parfois ça fait du bien...

Créée

le 24 janv. 2018

Critique lue 58 fois

Valerie Tatooa

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