"La petite poule d'eau" est à la fois le nom donné à une rivière, à une île et à un secteur d'une région sauvage du Manitoba, Canada. Un "bout du monde" inaccessible qui nécessite, pour s'y rendre, les exploits et la persévérance d'un explorateur chevronné. C'est pourtant là que vit la famille Tousignant, dominée par la figure matriarcale de Luzina, dix fois mère en quatorze ans de mariage et cheffe de file d'une galerie de personnages simples, truculents, attachants, résolument authentiques.
Ce que Gabrielle Roy - qui fut institutrice dans cette contrée lointaine - relate dans son récit hautement "nature-writing", est le reflet de sa propre expérience ; elle place son roman, publié en 1950, à mi-chemin entre "La petite maison dans la prairie" et "Les aventures de Tom Sawyer".
Pour être dépaysant, ce roman l'est à chaque page, à chaque pas devrais-je dire étant données les difficultés pour s'acheminer à travers la contrée. Rien que la description des rares voyages des personnages est digne d'odyssées pleines d'aventures et de rencontres.
Et puis, il y a aussi et surtout la nature, très bien décrite, avec émotion et esthétisme. La faune, la flore, la météo, témoins de l'immuabilité d'un territoire difficilement conquis par l'homme dit civilisé. "La petite poule d'eau" est enfin une histoire truculente qui m'a rappelé avec nostalgie la saga en deux tomes d'Arlette Cousture, "Les filles de Caleb".