Découvrir Jonathan Coe à travers de "La pluie, avant qu'elle tombe" est sans doute une aberration, ce livre constituant une exception notable (une voix féminine, un livre sentimental) au style qui l'a rendu célèbre (a priori il me semble humoristique et corrosif). Bon, ceci posé, voici un roman enchanteur jusqu'à ses dernières pages, qui se risquent à de ridicules paris "surnaturels" qui rappellent les pires effets des romans à l'eau de rose dont nos compagnes sont si friandes... mais heureusement un tout dernier paragraphe va sauver la mise. Cette conclusion, pour étonnante qu'elle soit par rapport à un roman si subtilement construit (des images, une voix surgie du passé qui construit une mémoire à une personne absente) trahit sans doute in extremis le "mauvais esprit" de Coe, que je devine en train de ricaner : "ah, vous pensiez que j'allais me laisser moi-même prendre au piège de cette littérature pour bonnes femmes, hein ?". Blague à part, "la Pluie..." se révèle un livre vraiment surprenant, de par la sensibilité féminine qui s'en dégage, et très curieusement attachant. Ceci dit, il est sans doute temps que je découvre le véritable Jonathan Coe... [Critique écrite en 2010]