Critique de Mes Culturiosités
J'ai beaucoup apprécié l'idée de départ. Il s'agit d'un père, Gabriel, qui devient aveugle la nuit où son fils, Victor, est assassiné. On comprend que Gabriel souffre d'une cécité de conversion...
le 26 janv. 2017
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Mon avis : Lors de sa rentrée scolaire de l’année 2003, Victor, dix-sept ans, fait ses premiers pas à l’école Mètis, établissement prestigieux rivalisant avec HEC et l’ENA. Il y rencontrera des individus absolument abjects formés par cette école, où bizutage, racisme et viol sont monnaie courante. Mais Victor est loin d’être un étudiant parmi tant d’autres, des raisons bien différentes expliquent sa présence ici. En novembre 2003, Victor est roué de coups dans un cimetière juif où il trouvera la mort. C’est alors que son père, Gabriel, perdra la vue, souffrant d’une cécité de conversion – le nerf optique et tous les éléments physiques du patient sont indemnes, ce dernier étant dans ce cas aveugle pour des raisons inexplicables, sans doute d’ordre psychosomatique. En 2016, Gabriel a décidé de venger son fils. Il est parvenu à retrouver la trace de Maya en Irlande, une ancienne connaissance de son enfant qui a quitté le territoire français et s’est fait passer pour morte aux yeux de tous à compter de la date du meurtre de Victor. Gabriel prétend vouloir entreprendre un voyage et avoir besoin d’un guide pour l’aider à cause de son handicap. Mais en acceptant, Maya est loin de se douter de ce qui l’attend… et nous aussi !
Les chapitres alternent en se concentrant sur les trois temporalités évoquées précédemment, mais également en se consacrant à trois personnages : Victor, Maya et Gabriel. Victor est un jeune homme de dix-sept ans qui s’est fixé une mission que je ne vous dévoilerai pas pour ne pas vous spoiler. Mais c’est pour cela qu’il a rejoint Mètis. Ce qu’il va y découvrir va le révulser au plus haut point, mais il devra s’en accommoder afin de servir son projet. Malheureusement, il va croiser la route de Tancrède, un élève violent, méchant, raciste, qui n’hésite pas à frapper Maya, sa petite amie. Victor a également des rapports difficiles avec son père, sans doute car il garde un secret un peu trop lourd à porter, mais aussi à cause d’un manque de compréhension entre les deux hommes. Nous allons assister au quotidien à Mètis du point de vue de Victor, ainsi que de celui de Maya, que nous retrouverons treize ans plus tard en Irlande, où cette dernière a tenté de refaire sa vie. Elle va croiser le chemin de Gabriel et accepter son offre de devenir son guide, même si elle est parfois mal à l’aise avec lui, et surtout affolée à l’idée de retourner en France, pays qu’elle a quitté après avoir assisté au pire… Elle a fui pour se protéger, pour oublier… mais ses fantômes ne l’ont jamais laissée en paix. Gabriel, quant à lui, souffre d’une cécité de conversion. Il n’a aucun souvenir du soir du meurtre de son enfant, et a été retrouvé quelques heures plus tard au volant de sa voiture, victime d’un grave accident. En se réveillant à l’hôpital, il découvre qu’il est aveugle, mais sa non-voyance serait d’ordre psychosomatique. En remontant le fil de l’histoire, il peut ainsi espérer recouvrer la vue, mais surtout venger son enfant.
J’ai beaucoup aimé l’écriture d’Ingrid Desjours. En mêlant plusieurs lieux, plusieurs temporalités, mais aussi en s’intéressant à trois protagonistes différents, elle parvient à captiver l’attention du lecteur. Et elle réussit le tour de maître de nous intriguer dès les premiers mots, et de nous embarquer page après page… jusqu’à la fin. Du coup, on le dévore, et à chaque fois que l’on pense s’arrêter, on se dit « oh aller, encore un chapitre », puis un autre, un autre… Ce roman est vraiment addictif ! De plus, c’est un thriller, mais pas que : c’est aussi un récit qui s’intéresse à la complexité de la relation père-fils, au racisme, au bizutage, à l’homosexualité, à la violence faite sur les femmes… Ces trois personnages sont extrêmement attachants, de par leurs forces et leurs faiblesses que l’on apprend à découvrir au fur et à mesure que l’on tourne les pages. Enfin, La Prunelle de ses yeux est aussi un ouvrage de vulgarisation scientifique, puisque l’auteure y aborde des thèmes comme l’expérience de la soumission à l’autorité et la cécité de conversion, tout cela en le rendant accessible, mais surtout intéressant pour les novices en la matière. En trois mots, ce thriller fut pour moi un coup de cœur.
Une citation : « Mon père est un ogre qui a dévoré ma confiance en moi, un boulimique de pouvoir, de connaissance, à qui rien ni personne ne résiste, un surdoué au charme dévastateur et à l’autorité incontestable. Comment aurais-je pu me construire autrement qu’en opposition à ce soleil brûlant ? Comment aurais-je pu devenir autre chose qu’une créature de l’ombre, teigneuse et affamée, attendant son heure pour ravager sur son passage toute la vermine que le jour a laissée proliférer ? » (11 %)
Ma chronique : https://loasislivresque.com/2016/12/12/la-prunelle-de-ses-yeux-ingrid-desjours/
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Créée
le 12 déc. 2016
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Le lien : http://wp.me/p2X8E2-JJ Le texte : Gabriel a perdu son fils, Victor, alors qu’il allait sur ses 18 ans, venait d’intégrer une école élitiste de fils à papa, Métis, et qu’il commençait à...
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